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Salvador Dali
1904 - 1989
Peintre Espagnol
  Biographie
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Biographie Salvador Dali (1904-1989)
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Surréalisme :
Alors qu'il étudiait encore à la résidence d'étudiants de Madrid, Dalí travailla avec Lorca et Buñuel à l'étude des textes psychanalytiques de Sigmund Freud qui
inspira ses recherches picturales sur les rêves et l'inconscient. Les deux hommes se rencontrèrent à Londres en 1938. Cependant, la conversion du peintre au surréalisme
date de 1929. Pour Robert Descharnes et Gilles Néret, ce fut l'année « où on s'entend à reconnaître que Dalí est devenu surréaliste à part entière ». La rencontre
déterminante avec le mouvement surréaliste parisien libéra son extraordinaire puissance créative.
Son œuvre fut désormais remplie d'allusions personnelles, souvent cryptées et oniriques, qu'il réutilisa à son gré comme la figure obsédante du Grand Masturbateur
qu'il utilisa de nombreuses fois en 1929 (Portrait de Paul Éluard, 1929 ; Le Grand masturbateur, 1929). Il reconnut que la peinture de Miró était « faite du même sang »
que le sien et subit l'influence de René Magritte mais acquit vite un premier style propre avec ses toiles Le miel est plus doux que le sang, (1927) et Cenicitas, (1928)
puis avec l'invention de la méthode paranoïaque-critique. Patrice Schmitt, à propos d'une rencontre entre Dalí et Lacan, nota que « la paranoïa selon Dalí est aux
antipodes de l'hallucination par son caractère actif ». Elle est à la fois méthodique et critique. Elle a un sens précis et une dimension phénoménologique et s'oppose à
l'automatique, dont l'exemple le plus connu est le cadavre exquis. Faisant le parallèle avec les théories de Lacan, il conclut que le phénomène paranoïaque est de type
pseudo-hallucinatoire. Or, les techniques d'images doubles sur lesquelles Dalí travaillait depuis Cadaqués (l'Homme invisible, 1929) étaient particulièrement propres à
révéler le fait paranoïaque ; conjonction qui fait dire à Robert Descharnes et Gilles Néret que Dalí fut
« le seul véritable peintre totalement surréaliste, de la même manière qu'on peut dire que Monet est le seul véritable peintre totalement impressionniste, du début de
son œuvre jusqu'aux Nymphéas à la fin »
Mysticisme corpusculaire :
Les explosions des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki ébranlèrent « sismiquement » le peintre et impulsèrent une nouvelle source d'inspiration : la physique
nucléaire. Il déclara alors être un « ex-surréaliste », bien que selon Robert Decharnes et Gilles Néret, il le restât plus que jamais. La théorie atomique suppose une
discontinuité fondamentale de la matière : la physique nucléaire dit en simplifiant les choses que des particules élémentaires séparées par du vide se maintiennent en
équilibre, tout en formant à échelle macroscopique un ensemble cohérent. Trouvant en Heisenberg son nouveau père et avec une logique toujours irréfutable, il affirma
que ce que les physiciens produisent, les peintres, qui sont déjà spécialistes des anges, peuvent le peindre. Durant cette période, les corps et objets représentés par
Dalí se trouvèrent en état de lévitation, une nouvelle approche qui était liée « tant au nombre d'or qu'aux spéculations de la physique moderne ». Ils traduisirent
l'évolution spirituelle du peintre, dans un souci constant d'appartenance double, agnostique et catholique apostolique romain.
Lors de ce virage opéré en 1946 il retourna puiser son inspiration dans la peinture de la renaissance, ce qui permit au peintre de réaliser la synthèse de trois
approches improbables : corpusculaire, catholique romaine, et de la Renaissance.
Thèmes picturaux : Nature :
La crique de Port Lligat mais aussi le port de pêche ou l'avant de la maison du peintre apparaissent dans nombre de ses tableaux à partir de l'installation du couple en
1930 dans ce port. Les parages du cap de Creus représentaient pour Dalí « le paysage le plus concret du monde ». Ses rochers aux angles acérés et aux formes étranges sont
bien connus des promeneurs de Cadaqués. Dalí les utilisa souvent dans ses toiles (exemples : Le Grand Masturbateur, 1929 ; Le Nez de napoléon transformé en femme enceinte
promenant son ombre parmi les ruines originales, 1945). L'image composite et d'allure énigmatique du Grand masturbateur apparut en 1929 dans le Portrait de Paul Éluard.
Il est composé de plusieurs éléments parfois variables : paupière, cils, le tout reposant sur un nez de profil. Une sauterelle est souvent représentée la tête en bas,
proche de la place de la bouche. Cet élément fut très présent de 1929 à 1931 (Le Grand masturbateur 1929, Jeu lugubre 1929, la Persistance de la mémoire 1931). Outre la
symbolique propre à l'auteur, l'allure générale est celle d'un important rocher visible près du cap de Creus que Dalí connaissait bien.
Plusieurs animaux prennent pour lui un caractère morbide. C'est par exemple le cas des fourmis, très présentes depuis le Portrait de Paul Éluard (1929). D'après ses
dires, elles seraient en relation avec une scène d'enfance où, après avoir recueilli une petite chauve-souris blessée, le jeune Salvador avait retrouvé le lendemain
matin l'animal agonisant : « la chauve-souris, couverte de fourmis frénétiques, râle, la gueule ouverte, découvrant des dents de petite vieille ». L'Âne pourri fait
également partie de ces représentations. Il fut présent dans le film Un chien andalou (1929) et dans plusieurs toiles de cette même époque – Le miel est plus doux que
le sang (1927), Cenicitas (1928), L'Âne pourri (1928) – de même que plusieurs cadavres d'animaux en putréfaction.
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