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Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparu en France et en Belgique vers 1866, en réaction au naturalisme et au mouvement parnassien. Ce mouvement
provient de la Russie, en particulier grâce à Valéry Brioussov, poète et fondateur du symbolisme russe.
Le mot est proposé par Jean Moréas, qui utilise ici l'étymologie du mot "symbole" (« jeter ensemble ») pour désigner l'analogie que cette poésie souhaite établir entre
l'Idée abstraite et l'image chargée de l'exprimer. Pour les symbolistes, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle.
Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappent d'inanité le cloisonnement des sens : sons, couleurs, visions participent d'une même intuition qui fait
du Poète une sorte de mage. Le symbolisme oscille ainsi entre des formes capables à la fois d'évoquer une réalité supérieure et d'inviter le lecteur à un véritable
déchiffrement : d'abord voué à créer des impressions — notamment par l'harmonie musicale — un souci de rigueur l'infléchira bientôt vers la recherche d'un langage inédit.
L'influence de Stéphane Mallarmé est ici considérable, ce qui entraîne la poésie vers l'hermétisme.
Étymologie :
Le mot « symbolisme » est formé à partir du terme « symbole » qui vient du latin symbolictum, « symbole de foi », symbolitulus, « signe de reconnaissance », du grec
sumbolon, « objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler (sumballon) les deux morceaux ». Dans la Grèce antique, le
« symbolon » était un morceau de poterie qui était brisé en deux et qu’on donnait à deux ambassadeurs de cités alliées pour se reconnaître.
Définition :
Dans Un Manifeste littéraire, publié en 1886, Moréas définit cette nouvelle manière d'écrire : "Ennemie de l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la
description objective, la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d'une forme sensible…" Les symbolistes teintent leurs œuvres d'intentions métaphysiques, de mystère,
voire de mysticisme. Le sujet a désormais de moins en moins d'importance, il n'est qu'un prétexte. Plusieurs artistes s'amusent à transposer une image concrète dans une
réalité abstraite.
Gabriel-Albert Aurier donne une définition du symbolisme dans un Mercure de France de 1891 : « L’œuvre d’art devra être premièrement idéiste, puisque son idéal unique sera
l’expression de l’idée, deuxièmement symboliste puisqu’elle exprimera cette idée en forme, troisièmement synthétique puisqu’elle écrira ses formes, ses signes selon un mode
de compréhension général, quatrièmement subjective puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet, mais en tant que signe perçu par le sujet, cinquièmement
l’œuvre d’art devra être décorative. »
Le symbolisme est une réaction au naturalisme. Les symboles permettent d'atteindre la réalité supérieure de la sensibilité et inspirent l'imagination poétique.
Il renoue avec certains aspects du Romantisme, mais proclame surtout sa dette à l'égard de Baudelaire et de Wagner. Arthur Rimbaud, « passant considérable » dit Mallarmé,
oriente à sa manière la poésie, dans sa Lettre à Paul Demeny (1871), vers la recherche d'une langue qui soit « de l'âme pour l'âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs,
de la pensée accrochant la pensée et tirant ». Mais c'est en Verlaine que les Symbolistes salueront leur chef de file, en raison d'une écriture dont l'Art poétique (1874)
prescrit les règles :
« Car nous voulons la Nuance encore, Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance. Le rêve au rêve et la flûte au cor ! »
Contexte d'apparition :
Depuis 1871, le gouvernement français est démocratique ; en effet, la Troisième République garantit les libertés fondamentales, de plus les lois de Jules Ferry rendent
l'école obligatoire, gratuite et laïque jusqu'à l'âge de treize ans. La vie moderne apparaît dans la deuxième moitié du siècle grâce aux nombreux progrès techniques. Sur
le plan des idées, le positivisme triomphe1. Comme l'a montré Michel Décaudin, le symbolisme découle d'une crise des valeurs et des formes, mais aussi du langage lui-même :
pour comprendre le symbolisme, il est essentiel de s'intéresser à Mallarmé et à Alfred Jarry. La définition de ce mouvement ne va pas de soi ; contrairement à d'autres, il
ne résulte pas d'une volonté collective réfléchie, mais d'un rassemblement ponctuel d'auteurs. Le symbolisme se décline surtout en une variété de théories et de tentatives
formelles, où l'on peut retrouver les éléments suivants : tendance à l'hermétisme, modèle de la musique, magie évocatoire, recours à la mythologie, mysticisme, religiosité
(voir La Religion de Mallarmé de Bertrand Marchal, Paris : Corti, 1988). Enfin, la période symboliste se distingue par une intensification du rapport entre les arts, qui
traduit l'idéal de synthèse qui nourrit le symbolisme. L'amitié entre Maurice Denis et Vincent d'Indy, la correspondance de ce dernier avec Mallarmé sont à cet égard…
symboliques !
Origines :
En littérature, le mouvement du symbolisme trouve ses origines dans Les Fleurs du mal (1858 ) de Charles Baudelaire. L'esthétique symboliste fut développée par Stéphane
Mallarmé et Paul Verlaine durant les années 1860 et 1870. Dans les années 1880, l'esthétique symboliste, s'étayant à travers une série de manifestes, attira une génération
d'écrivains. La traduction en français par Baudelaire de l'œuvre d'Edgar Allan Poe, d'une influence considérable, fut à l'origine de plusieurs tropes et images du symbolisme.
Distinct du mouvement en littérature, le symbolisme en peinture est statique et hiératique quand l'art romantique est impulsif et rebelle.
Artistes - Les précurseurs :
Gustave Moreau et Puvis de Chavannes sont des précurseurs du symbolisme. L'un des thèmes majeurs est le mythe d'Ossian, il s'agit d'un thème romantique qui sera annonciateur
du symbolisme. Voici les quatre précurseurs romantiques :
   - Johan Heinrich Fussli
   - William Blake
   - Philippe Otto Runge
   - Caspar Friedrich
Un autre mouvement important pour l’art et le symbolisme : les préraphaélites. Crée par Hunt, Millais et Rossetti, leur pessimisme sera repris par les symbolistes. Ils
renouvellent l’approche du sujet littéraire et font table rase du passé et de la tradition picturale. On retrouve aussi une tendance au gigantisme avec le concept d’une
peinture initiatique qui sera une des aspirations des symbolistes. Dans les deux mouvements on voit bien l’attache à la dématérialisation de la peinture.
Le contexte :
Depuis le milieu du XIXe siècle de multiples progrès voient jour (capitalisme, industrie, laïcisation...) le symbolisme s'inscrit dans une vague de réaction contre le
positivisme. A cette période, un doute profond portant sur la capacité de la société occidentale à créer ses propres cadres conceptuels. Ainsi les symbolistes se
caractérisent par un pessimisme dubitatif. Une seconde caractéristique se porte sur un retour au sacré et à la spiritualité. Selon une formule de Péladan, il s'agit
d'"insuffler dans l’art contemporain et surtout dans la culture esthétique l’essence théocratique, voilà notre voie nouvelle". Le symbolisme pose donc des problèmes de
l’humanité, un regard visant à l’intemporel. Il en ressort une nouvelle typologie humaine : celle de l’angoisse. La question du style chez les symbolistes est primordiale.
C’est un renouveau de l’esthétisme mural et décoratif. Cela conduit Puvis de Chavannes à Gauguin à une unité de style. De cette manière, la notion d’académisme est alors
remise en cause. Il est à noter deux événements de grande importance.
La libéralisation des expositions (notamment les expositions universelles )
La multiplication des revues symbolistes, avec en 1883 la création, à Bruxelles, du Groupe des XX dont Rops, Ensor et Khnoppf feront partie.
Le paysage chez les symbolistes :
Chez eux, ce genre de peinture deviendra un thème récurrent. Bien souvent la fiction et le réel sont mêlés. L’espace picturale n’est plus un simple espace du monde
terrestre. C’est pourquoi, là encore, que le paysage sera traité de manière subversif la plus part du temps. A la fin du XIXe siècle, on observe une quête de hauteur tout
comme les peintres romantiques. Le paysage symboliste oscille entre deux pôles : une vision de la totalité du cosmos ou bien, une projection intégrale du psychisme
(par exemple Le Cri d’ Edvard Munch ). Il n’y a pas de traitement différent pour le fond et le 1er plan. Cette conception du paysage, remet en cause le paysage en tant que
genre descriptif. La forme naturelle est dès lors tirée vers la forme abstraite, symbole de l’harmonie cosmique.
Un idéalisme subversif :
Les années 1880 verront l’impressionnisme et l’académisme entrer en crise. L’idée d’un art pouvant rendre compte du monde objectif s’érode peu à peu sous l’effet de
l’étrangeté ou de la dérision. Le symbolisme se pose en réaction au naturalisme et à l'impressionnisme. Trois caractéristiques méritent d’être expliquée :
Le goût pour l’étrange beauté : c’est-à-dire la recherche de qualités immatérielles qui se mêle à la forme comme révélation totale et immédiate du psychisme ainsi qu’une
attirance pour l’horreur et le macabre.
Le satanisme et la dérision : c’est une dualité entre vision ironique de la société et la transposition allégorique que l’on retrouve chez le peintre James Ensor. Peu
d’artistes s’illustrèrent dans cette veine où la stabilité sociale et idéologique se trouvait démentie par le recours à des formes mineures de la représentation théâtrales.
La tradition et le vocabulaire stylistique : Émile Bernard considère le 1er salon de Rose-croix en 1892 comme l’apparition du symbolisme officiel en peinture. Lors de cette
exposition est révélée la volonté de se distinguer de l’académisme par une recherche d’authenticité. Ainsi, les règles de la vraisemblance des peintures d’histoires sont
transgressées. Toutefois, il est possible de noter une évolution : le réalisme anatomique avec ajout d’ornement (voir Gustave Moreau.
Le mythe est un refuge dans lequel l’artiste symbolique va puiser son imagination.
Tentative de définition :
G.-Albert Aurier, "Donc, pour enfin se résumer et conclure, l'œuvre d'art telle qu'il m'a plu la logiquement évoquer sera :
   - 1° Idéiste, puisque son idéal unique sera l'expression de l'Idée ;
   - 2° Symboliste, puisqu'elle exprimera cette Idée par des formes ;
   - 3° Synthétique, puisqu'elle écrira ces formes, ces signes, selon un mode de compréhension générale ;
   - 4° Subjective, puisque l'objet n'y sera jamais considéré en tant qu'objet, mais eu tant que signe d'idée perçu par le sujet 5° (C'est une conséquence)
décorative — car la peinture décorative proprement dite, telle que l'ont comprise les Égyptiens, très probablement les Grecs et les Primitifs, n'est rien autre chose qu'une
manifestation d'art à la fois subjectif, synthétique, symboliste et idéiste"
« Le Symbolisme en Peinture : Paul Gauguin », Mercure de France, t. II, n° 15, mars 1891.
Le courant ne peut pas être définir à partir de critères formel. Le symbolisme se définit contre l’actualité, celle du reportage naturaliste mais aussi contre l’actualité
sur la lumière (impressionnisme). L’invention du symbolisme : On attribue la paternité du symbolisme soit à d’Émile Bernard soit à Paul Gauguin.
L’art symboliste est :
Opposé au réalisme : la primauté est donné au regard subjectif, il y a aussi une opposition au temps avec le « culte » d’inachèvement des toiles. C’est encore l’extension
de l’œuvre au-delà de ses limites physique.
Applique la théorie baudelairienne : C’est la quête d’une unité stylistique et picturale. La vision de l’être humain apparaît comme un vestige du passé. Il y a un
établissement d’une relation entre expérience sensible (les sens en éveil) et la conception pessimiste.
Entre instant et durée : Comme l’illustre bien le cas de Gustave Moreau , il conçoit ses œuvres dans la globalité, cependant, à sa mort, bon nombre de ses tableaux ne sont
pas achevés. Il traite souvent l’image comme une apparition et abandonne la couleur.
Le culte de l’instabilité et de la défiance à l’égard de la raison : Le scepticisme à l’égard de la pensée positive, manifesté dans le renouveau du mythe, conduira les
symbolistes à tirer parti de tout ce qui se trouve en marge de la rationalité. On note donc la présence de l’hystérie, qui révèle un certain goût pour la théâtralité du
psychisme et pour l’extrapolation du subconscient.
Le symbolisme a été critiqué pour son individualisme et son élitisme, son souci de la tradition et son obsession pour l’irrationnel. Le symbolisme demeura dans ses rapports
avec la politique dans le domaine de l’utopie. Le symbolisme correspond autant à une réflexion sur le rôle de l’image qu’à l’invention de solutions formelles. En rupture
avec les naturalistes et les impressionnistes, ils œuvrèrent pour que l’image recouvre une dimension sacrée. L’essor du symbolisme prend grâce à la diffusion de l’estampe
et le rôle des artistes d’illustrateur (Bruges la morte). Des artistes contemporain tels que Kandinsky, ou Mondrian , trouveront leur source chez les symbolistes.
Exemple de peinture Symboliste :
Jeunes Filles au Bord de la Mer (1879)
du peintre Puvis de Chavannes
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