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Le Rococo est un mouvement artistique européen du XVIIIe siècle touchant principalement l’architecture, mais également les arts décoratifs, ainsi que la peinture et, dans
une moindre mesure, la musique et la littérature. Il se développa de 1730 à 1758, principalement dans le Saint-Empire romain germanique (Allemagne, Autriche, Bohême), en
Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal), à la suite du mouvement baroque, pour créer un style d'une grande prodigalité, particulièrement dans les églises et dans les lieux
sacrés. Ce style culmina dans l'œuvre de l'architecte et décorateur bavarois d'origine flamande François de Cuvilliés, dont le pavillon d'Amalienburg (1734-1739) à
Nymphenburg, près de Munich, demeure un exemple inégalé de parfaite fusion entre architecture et décoration.
Ce mouvement est progressivement remplacé à partir de 1760 par le néoclassicisme qui, tel un mouvement de pendule, est un retour à l’austérité, ou du moins un retour aux
canons de l'Antiquité.
L'origine du mot Rococo :
Selon Delécluze, le terme « rococo » fut inventé vers 1797 en dérision par Pierre-Maurice Quays, élève de Jacques-Louis David, maître à penser du mouvement des Barbus et
chantre d’un classicisme poussé à l’extrême. Il résulterait d’une association du mot français rocaille, qui désigne une ornementation imitant les rochers et les pierres
naturelles et la forme incurvée de certains coquillages et du mot portugais baroco : « baroque ». Le terme rococo garda longtemps son aspect péjoratif avant d’être accepté
par les historiens de l’art vers le milieu du XIXe siècle et d’être considéré comme un mouvement artistique européen à part entière.
Historique du mouvement Rococo :
Ce style se propage en Europe tout au long du XVIIIe siècle. En France, il apparaît sous la Régence et culmine sous le règne de Louis XV, vers 1745, où il supplante le
classicisme, qui a marqué le règne de Louis XIV. En ce qui concerne la France on parle d'ailleurs plus volontiers de style rocaille, qui est une des sources du rococo,
mais qui par exception au reste de l'Europe, s'exprime presque exclusivement dans les arts décoratifs au détriment de l'architecture. Il n'y a pas à proprement parler
d'architecture rococo en France : si la décoration intérieure fait la part belle au rococo ou "style rocaille", l'enveloppe des bâtiments reste d'essence classique.
Le rococo se traduit souvent dans la décoration extérieure des bâtiments grâce au talent des ferronniers, à qui l'on confie parfois de grands ensembles, comme la place
Stanislas à Nancy, alors capitale politique du duché de Lorraine. Les grilles en fer forgé de Jean Lamour sont un exemple fameux de l'apogée du style rocaille.
Ce style rocaille fut inventé par des ornemanistes et architectes décorateurs tels que : Gilles-Marie Oppenord, Juste-Aurèle Meissonnier et Nicolas Pineau. Son succès peut
s'expliquer par le contexte politique. Sous la Régence, la cour quitte Versailles pour Paris et se libère de la discipline et de l'étiquette contraignante imposée par Louis
XIV. Elle aspire à une vie plus légère, à plus de liberté, et le style rococo, qui semble en parfaite adéquation avec cette frivolité, connaît une diffusion immédiate; dans
la peinture, la sculpture et le mobilier. Les artistes les plus représentatifs pour cette période sont François Lemoyne, Antoine Watteau, François Boucher ou
Nicolas-Quinibert Foliot. Le rococo continue de s’inspirer du baroque par son goût pour les formes et les dessins complexes. Mais il commence à se différencier en intégrant
des caractéristiques différentes comme des formes orientales et des compositions asymétriques.
Le style rococo est adopté par les catholiques d’Allemagne, de Hongrie et de Bohême. Il en résulte un mélange avec la tradition baroque allemande : le Rokokozeit
(ou Spätbarock, baroque tardif) suit le Barockzeit. Le rococo allemand se manifeste avec enthousiasme dans les églises et les palais, particulièrement le sud. Son expansion
est à mettre en parallèle avec la volonté de Frédéric II de Prusse de construire le royaume prussien. Ce style s’appelle le rococo frédéricien. Les architectes habillent
souvent leurs intérieurs de nuages de stuc blanc.
En Italie, le style des derniers artistes baroques, barocco tels que Borromini et Guarini donnent la tonalité pour le rococo à Turin, Venise, Naples et en Sicile, tandis que
les arts en Toscane et à Rome sont plus rattachés au style baroque.
L'Angleterre bien que sensible aux grands courants européens, cultive une certaine indépendance et s'invente, au XVIIIe siècle, des décors qui lui sont propres.
Thomas Chippendale publie en 1754 les planches d'un répertoire de modèles décoratifs The Gentleman's and Cabinet Maker's Director, qui fait référence en prolongeant les
effets du rococo, additionné d'éléments exotiques. On y trouve les thèmes de l'Extrême Orient, mêlés à ceux du Gothique. Les sinuosités végétales épousent les motifs de
coquilles brisées, les bulbes hindous le disputent aux frontons en forme de pagodes. William Hogarth participa lui aussi au développement d’une base théorique pour atteindre
les standards de beauté rococo. Bien qu’il n’ait pas l’intention d’appartenir au mouvement, il développa dans Analysis of beauty (1753) que les lignes ondulées et les
courbes en S, existantes de manière proéminente dans le rococo, étaient la base de la beauté dans l’art et la nature. En 1758, soit quatre ans après la parution de l'ouvrage
de Chippendale, le jeune Architecte Robert Adam rentre d'Italie. Inspiré par les ruines impériales, il sera l'apôtre en Grande-Bretagne du néoclassicisme. Ces deux courants
divergents vont s'opposer, du moins en apparence, puisqu'en fait ils cohabitent jusqu'en 1850.
Le commencement de la fin de la période rococo peut être daté à partir du début des années 1760. Des personnalités comme Voltaire ou Jean-François Blondel critiquèrent ce
style en le qualifiant de dégénéré et de superficiel. Jean-François Blondel déclare, à ce sujet, qu’il trouve « ridicule le pêle-mêle des coquillages, dragons, roseaux,
palmiers et autres plantes » dans les intérieurs de cette époque. En 1785, le rococo est passé de mode en France. Il est remplacé par le sérieux et ordonné style
néo-classique personnifié par des artistes tel que Jacques-Louis David. En Allemagne, à la fin du XVIIIe siècle, le rococo est qualifié comme Zopf und Perücke laissant au
passage l’intitulé de cette période comme Zopfstil. Le rococo resta cependant populaire en Allemagne et en Italie jusqu’à la deuxième phase du néoclassicisme : le style
Empire et l’arrivée du gouvernement napoléonien. Le style rococo connut un regain d’intérêt entre 1820 et 1870.
Peinture Rococo :
Bien qu’à ses débuts, le rococo, dans la peinture, ne soit qu’exclusivement décoratif, des modèles figuratifs apparaissent au fil du temps. Les peintures sont caractérisées
par de nombreuses couleurs pastel et des formes incurvées. Les peintres décorent leurs tableaux d’anges chérubins et de tous les symboles de l’amour. Le portrait est aussi
un style très en vogue. Certaines peintures représentent des scènes coquines et lestes pour l’époque. Ceci est en rupture avec le style baroque et ses travaux dans les
églises. Les peintures évoquent souvent des scènes pastorales et des promenades de couples aristocratiques.
Jean-Antoine Watteau (1684-1721) est considéré comme le premier grand peintre rococo. Il a eu une influence sur ses contemporains : François Boucher (1703–1770) et
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), deux maîtres de la fin de la tendance rococo en France.
Exemple de peinture Rococo :
Les Hasards heureux de l'escarpolette (1767)
du peintre Jean-Honoré Fragonard
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