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Salvador Dali
1904 - 1989
Peintre Espagnol
  Biographie
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Biographie Salvador Dali (1904-1989)
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À cette époque, Dalí délaissa temporairement ses travaux autour des images à double sens telles que l'Homme invisible tandis que les figures de Guillaume Tell,
Lénine, les paysages et figures anthropomorphes, l'Angélus de Millet, Vermeer et Hitler apparurent systématiquement dans ses toiles. Une activité marquante de cette
époque fut la réalisation avec le sculpteur Giacometti d'objets surréalistes. Selon Dalí, ils sont dotés d'un « minimum de fonctionnement mécanique, [et] sont basés sur
les fantasmes et les représentations susceptibles d'être provoqués par la réalisation d'actes inconscients ». Il restait hermétique aux problèmes des surréalistes avec
la politique, une « anecdote de l'histoire » selon lui. Il agaçait le groupe en étudiant systématiquement Hitler et « la croix gammée vieille comme le soleil chinois,
[qui] réclame l'honneur de l'objet ». Si les divergences politiques éloignaient peu à peu André Breton et Louis Aragon, celles provoquées par Dalí furent sans commune
mesure. Pour André Thirion, Dalí « n'était pas marxiste et s'en foutait », mais entre les rêveries érotiques de Dalí envers des fillettes de 12 ans qui firent réagir
jusqu'au comité central du parti communiste, et son obsession pour la figure d'Hitler durant deux années, le peintre fut convoqué en janvier 1934 chez Breton où il se
présenta vêtu en malade, avec un chandail et un thermomètre dans la bouche. Une fois l'accusation de Breton terminée, il lut sa plaidoirie en faisant un strip-tease,
affirmant en langage fleuri, qu'il ne faisait que retranscrire ses rêves — particuliers — et que, en conséquence de ses rêves, Breton et lui feraient bientôt l'objet
d'une représentation homosexuelle. Il fut exclu à l'issue de cette réunion. Dalí continua cependant à travailler avec le groupe, qui en avait besoin, notamment en tant
qu'agent publicitaire, à Londres en 1936 en tenue de scaphandrier, à Paris en février 1938 où il montrait son Taxi pluvieux où deux mannequins recevaient la pluie entre
salades et escargots de Bourgogne.
Fin 1933, leur marchand d'art Julien Levy exposa 25 œuvres de Dalí à New York. Dalí mourait d'envie d'aller voir les États-Unis. Les œuvres de Picasso y étaient déjà
exposées contrairement aux musées français. Il se laissa facilement convaincre par une riche Américaine, Caresse Crosby d'entreprendre le voyage. Dalí et Gala se
rendirent pour la première fois à New York en 1934 ; Picasso avança l'argent pour leurs billets. Les Américains furent subjugués par l'excentricité du personnage et les
audaces d'un surréalisme qu'ils ne connaissaient alors presque pas. Au grand désespoir de Breton, Dalí était considéré comme le seul surréaliste authentique, ce que le
peintre triomphant et ivre de mégalomanie, s'empressa de confirmer le 14 novembre à New York « les critiques distinguent déjà le Surréalisme avant ou après Dalí ».
L'exposition à la Galerie Julien Levy eut un franc succès et Dalí comprit que sa réussite passait par les États-Unis. Sa peinture commençait à être appréciée.
Edward James — filleul du roi Édouard VII — devint son mécène et lui racheta toute sa production de 1935 à 1936. La Métamorphose de Narcisse et Cannibalisme de l'automne
font partie des plus célèbres toiles de cette période.
Guerre d'Espagne :
De retour en Catalogne, Dalí et Gala quittèrent Port Lligat en 1936 pour fuir la guerre civile espagnole et voyagèrent en Europe. Ils vécurent un temps en Italie
fasciste où il s'inspira des œuvres romaines et florentines de la Renaissance, notamment pour réaliser des images doubles telles que Espagne. Ses toiles Construction
molle aux haricots bouillis (également connue sous le nom de Prémonition de la guerre civile) et la Girafe en feu furent les plus représentatives de cette période qui
vit l'invention de ces monstres. Ceux-ci reflètent sa vision de la guerre mais non son attitude politique. Il représenta la guerre civile comme un phénomène d'histoire
naturelle, une catastrophe naturelle et non un évènement politique comme Picasso avait pu le faire avec Guernica. Ce fut à Londres qu'il apprit le meurtre de son ami
Federico García Lorca le 19 août 1936 à Grenade par un franquiste, le faisant tomber dans une profonde dépression.
Durant son second voyage aux États-Unis, la presse et le public firent un accueil triomphal à « Mr Surrealism ». Le portrait de Dalí par le photographe Man Ray fit la
Une en décembre 1936 du magazine Time. En février 1937, Dalí rencontra à Hollywood les Marx Brothers et fit un portrait de Harpo Marx, agrémenté de cuillères,
harpes et fils de fer barbelés. Le film qu'ils projetaient ne vit pas le jour. En 1938, par l'intermédiaire de Edward James ainsi que celle de son ami Stefan Zweig,
Dalí rencontra à Londres Sigmund Freud qu'il admirait depuis longtemps et dont les travaux avaient inspiré ses propres recherches picturales sur les rêves et
l'inconscient. D'après le récit qu'en fit Conroy Maddox, Freud âgé confia à Zweig en cette occasion à propos de Dalí
« Je n'ai jamais vu un spécimen d'espagnol plus parfait ; quel fanatique ! » — Conroy Maddox
Dalí publia en 1939 une Déclaration d'indépendance de l'imagination et des droits de l'homme à sa propre folie. Ses pérégrinations européennes l'emmenèrent en exil
pendant 5 mois à partir de septembre 1938 dans la villa de Coco Chanel, La Pausa, où il prépara l'exposition de New York à la galerie Julien Levy. Il détruisit à cette
occasion en 1939 une œuvre qu'il avait créée et qui avait été modifiée sans son accord dans un magasin de la cinquième Avenue.
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