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Diego Vélasquez
1599 - 1660
Peintre Espagnol
  Biographie
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Biographie Diego Vélasquez (1599-1660)
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Avec les Lumières et ses idéaux éducatifs, Goya — qui affirma à plusieurs occasions n’avoir d’autres maîtres que Vélasquez, Rembrandt et la Nature — fut chargé de
réaliser des gravures de certaines œuvres du maître sévillan conservées dans les collections royales. Diderot et D'Alembert, dans l'article « peinture » de
L’Encyclopédie de 1791, décrivirent la vie de Vélasquez, ainsi que ses chefs-d’œuvre : Le Porteur d’eau, Les Ivrognes et Les Fileuses. Quelques années plus tard, Ceán
Bermúdez renouvela, dans son Dictionnaire (1800), les références aux écrits de Palomino, en l’augmentant de certaines des peintures de l’étape sévillane de Vélasquez.
D’après une lettre de 1765 du peintre Francisco Preciado de la Vega à Giambatista Ponfredi, nombre des toiles de Vélasquez étaient déjà sorties d’Espagne. Il fit
allusion aux « caravagismes » qu’il avait peint là bas « de manière assez colorée, et achevée, d’après le goût du Caravage » et qui avait été emportés par des
étrangers. L’œuvre de Vélasquez commença à être mieux connue hors d’Espagne lorsque les voyageurs étrangers qui visitaient le pays purent contempler ses toiles au musée
du Prado. Le musée commença à exposer les collections royales en 1819, et il ne fut plus nécessaire d’avoir un permis spécial pour admirer ses toiles dans les palais
royaux.
L’étude de Stirling-Maxwell sur le peintre publiée à Londres en 1855 et traduite en français en 1865 aida à la redécouverte de l’artiste ; il s’agissait de la première
étude moderne sur la vie et l’œuvre du peintre. La révision de l’importance de Vélasquez comme peintre coïncida avec un changement de sensibilité artistique à cette
époque.
Ce furent les peintres impressionnistes qui permirent le retour définitif du maître à la notoriété. Ils comprirent parfaitement ses enseignements. C'est notamment le cas
d'Édouard Manet et de Pierre-Auguste Renoir, qui voyagèrent au Prado pour découvrir et comprendre Vélasquez. Lorsque Manet réalisa ce fameux voyage d’étude à Madrid en
1865, la réputation du peintre était déjà établie, mais personne d’autre que lui ne sentait tant d’émerveillement pour les toiles du Sévillan. Ce fut lui qui fit le plus
pour la compréhension et la mise en valeur de cet art. Il le qualifia de « peintre des peintres » et de « plus grand peintre qui ait jamais existé ». Manet admirait chez
son illustre prédécesseur le recours à des coloris très vifs, qui le distinguaient de ses contemporains. L'influence de Vélasquez se retrouve par exemple dans Le Joueur
de fifre, où Manet s'inspira ouvertement des portraits de nains et de bouffons réalisés par le peintre espagnol. Il faut tenir compte du chaos considérable qu’il y
avait à l’époque dans les collections de l’artiste, de la méconnaissance et des confusions profondes entre ses œuvres propres, les copies, les répliques de son atelier,
et les attributions erronées. Aussi, de 1821 à 1850, 147 œuvres de Vélasquez furent vendues à Paris, desquelles seule La Dame à l'éventail, conservée à Londres, est
aujourd’hui reconnue comme authentiquement de Vélasquez par les spécialistes.
Pendant la seconde partie du siècle il fut considéré comme peintre universel, le réaliste suprême et le père de l’art moderne. À la fin du siècle, Vélasquez fut
interprété comme un peintre proto-impressionniste. Stevenson, en 1899, étudia ses toiles avec l’œil d’un peintre et trouva de nombreuses parentés techniques entre
Vélasquez et les impressionnistes français. José Ortega y Gasset situa le maximum de la réputation de Vélasquez entre les années 1880 et 1920, époque qui correspond
aux impressionnistes français. Après cette époque, un reflux commença vers 1920, lorsque l’Impressionnisme et ses idées esthétiques déclinèrent, et avec elles, la
considération de Vélasquez. Selon Ortega commença alors une période qu’il nomme « invisibilité de Vélasquez ».
Influences et hommages modernes :
L’étape essentielle que constitue Vélasquez dans l’histoire de l'art est perceptible jusqu’à nos jours, à travers la façon dont les peintres du XXe siècle ont jugé son
œuvre. C’est Pablo Picasso qui rendit à son compatriote l’hommage le plus visible, lorsqu’il recomposa entièrement Les Ménines (1957) dans son style cubiste tout en
conservant avec précision la position originale des personnages. Bien que Picasso eût craint qu’une telle œuvre fusse considérée comme une copie, ce travail, d’une
ampleur considérable fut très vite reconnu et apprécié. En 1953, Francis Bacon peignit sa célèbre série Étude d'après le portrait du pape Innocent X par Vélasquez.
Salvador Dalí réalisa en 1958 une œuvre intitulée Vélasquez peignant l'infante Marguerite avec les lumières et les ombres de sa propre gloire, suivie des Ménines (1960)
et d'un Portrait de Juan de Pareja réparant une corde de sa mandoline (1960) pour célébrer le tricentenaire de sa mort où il utilisa les coloris de Vélasquez.
L'influence de Vélasquez se fait sentir jusqu'au cinéma. C'est notamment le cas chez Jean-Luc Godard qui en 1965 dans Pierrot le fou mit en scène une petite fille lisant
un texte d'Élie Faure consacré à Vélasquez extrait de son ouvrage L'Histoire de l'Art :
« Vélasquez, après cinquante ans, ne peignait plus jamais une chose définie. Il errait autour des objets avec l'air et le crépuscule. Il surprenait dans l'ombre et la
transparence des fonds les palpitations colorées dont il faisait le centre invisible de sa symphonie silencieuse. »
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