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Francisco de Goya
1746 - 1828
Peintre Espagnol
  Biographie
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Biographie Francisco de Goya (1746-1828)
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Le Triennat libéral et les Peintures noires (1820-1824) :
   - Contexte et doutes sur l'intégrité des œuvres :
C'est du nom de Peintures noires qu'on connaît la série de quatorze œuvres murales que peint Goya entre 1819 et 1823 avec la technique d'huile al secco sur la superficie
de ravalement du mur de la Quinta del Sordo. Ces tableaux représentent probablement le plus grand chef d'œuvre de Goya, aussi bien pour leur modernité que pour la force
de leur expression. Une peinture telle que Le Chien se rapproche même de l'abstraction ; plusieurs œuvres sont précurseuses de l'expressionnisme et autres avant-gardes
du XXe siècle.
Les peintures murales sont transposées sur toile à partie de 1874 et sont actuellement exposées au Musée du Prado. La série, aux œuvres de laquelle Goya ne donne pas de
titre, est cataloguée pour la première fois en 1828 par Antonio de Brugada, qui leur donne alors un titre pour la première fois à l'occasion de l'inventaire réalisé à la
mort du peintre ; les propositions de titres ont été nombreuses. La Quinta del Sordo devient la propriété de son petit-fils Mariano Goya en 1823, après que Goya la lui a
cédé, a priori pour la protéger à la suite de la restauration de la Monarchie absolue et des répressions libérales de Ferdinand VII. C'est ainsi que jusqu'à la fin du
XIXe siècle, l'existence des Peintures noires est très peu connue, et seuls quelques critiques, comme Charles Yriarte, ont pu les décrire56. Entre 1874 et 1878, les
œuvres sont transposées du mur vers la toile par Salvador Martínez Cubells sur la requête du baron Émile d'Erlanger ; ce processus cause de graves dommages sur les
œuvres, qui perdent grandement en qualité. Ce banquier français a l'intention de les montrer pour les vendre lors de l'exposition universelle de 1878 à Paris. Cependant,
ne trouvant pas preneur, il finit par les donner en 1811 à l'État espagnol, qui les assigne à ce qui s'appelait à l'époque le Museo Nacional de Pintura y Escultura
(« Musée National de Peinture et Sculpture », c'est-à-dire le Prado).
Goya acquiert cette propriété située sur la rive droite du Manzanares, près du pont de Segovia et du chemin vers le parc de San Isidro, en février 1819 ; probablement
pour y vivre avec Leocadia Weiss hors de portée des rumeurs, celle-ci étant mariée avec Isidoro Weiss. C'est la femme avec qui il aurait vécu et eu une fille, Rosario
Weiss. En novembre de cette année, Goya souffre d'une grave maladie dont Goya atendido por el doctor Arrieta (es) (« Goya soigné par le docteur Arrieta ») en est un
terrible témoin.
Quoi qu'il en soit, les Peintures noires sont peintes sur des images champêtres de petites figures, dont il profite parfois des paysages, comme dans Duelo a garrotazos
(« Duel à coups de gourdin »). Si ces peintures de ton allègre sont bien de Goya, on peut penser que la crise de la maladie unie peut-être aux événements agités du
Triennat libéral l'amène à les repeindre. Bozal estime que les tableaux originaux sont effectivement de Goya du fait que ce serait la seule raison pour laquelle il les
réutilise ; cependant, Gledinning pense lui que les peintures « décoraient déjà les murs de la Quinta del Sordo quand il l'acheta. » Quoi qu'il en soit, les peintures
ont pu être commencées en 1820 ; elles n'ont pas pu être terminées au-delà de 1823, puisque cette année-là Goya part à Bordeaux et cède sa propriété à son neveu. En
1830, Mariano de Goya, transmet la propriété à son père, Javier de Goya.
Les critiques s'accordent à proposer certaines causes psychologiques et sociales à la réalisation des Peintures noires. Il y aurait d'abord la conscience de la décadence
physique du propre peintre, accentuée par la présence d'une femme beaucoup plus jeune dans sa vie, Leocadia Weiss, et surtout les conséquences de sa grave maladie de
1819, qui laissa Goya prostré dans un état de faiblesse et de proximité de la mort, ce qui est reflété par le chromatisme et le thème de ces œuvres.
D'un point de vue sociologique, tout porte à croire que Goya a peint ses tableaux à partir de 1820 — bien qu'il n'y ait pas de preuve documentée définitive — après
s'être remis de ses problèmes physiques. La satire de la religion — pèlerinages, processions, Inquisition — et les affrontements civils — le Duelo a garrotazos, les
réunions et conspirations reflétées dans Hombres leyendo, l'interprétation politique qui peut être faite de Saturne dévorant un de ses fils (l'État dévorant ses sujets
ou citoyens) — coïncident avec la situation d'instabilité qu'il s'est produit en Espagne pendant le Triennat libéral (1820-1823) suite à la levée constitutionnelle de
Rafael del Riego. Les thèmes et le ton utilisés ont bénéficié, lors de ce Triennat, de l'absence de la censure politique stricte qui aura lieu lors des restaurations des
monarchies absolues. Par ailleurs, beaucoup des personnages des Peintures noires (duellistes, moines, familiers de l'Inquisition) représentent un monde caduque,
antérieur aux idéaux de la Révolution française.
L'inventaire d'Antonio de Brugada mentionne sept œuvres au rez-de-chaussée et huit à l'étage. Cependant, le Musée du Prado n'arrive qu'à un total de quatorze. Charles
Yriarte décrit en 1867 une peinture de plus que celles qui sont connues actuellement et précise qu'elle avait déjà été arrachée du mur quand il visita la propriété :
elle avait été transférée au palais de Vista Alegre, qui appartenait au marquis de Salamanca. Plusieurs critiques considèrent que pour les mesures et les thèmes abordés,
cette peinture serait Cabezas en un paisaje (« Tête dans un paysage », conservé à New York dans la collection Stanley Moss). L'autre problème de localisation concerne
Dos viejos comiendo sopa (« Deux vieillards mangeant de la soupe »), dont on ne sait pas si c'était un rideau du rez-de-chaussée ou de l'étage ; Glendinning la localise
dans l'une des salles inférieures.
La Quinta del Sordo :
La distribution originale de la Quinta del Sordo était comme suit :
   - Rez-de-chaussée :
C'est un espace rectangulaire. Sur les murs en longueur, il y a deux fenêtres proches des murs en largeur. Entre elles apparaissent deux tableaux de grand format
particulièrement oblongs : La romería de San Isidro (« Le pèlerinage de Saint-Isidore ») à droite et Le Sabbat des sorcières (de 1823) à gauche. Au fond, sur le mur de
la largeur face à celui de l'entrée, il y a une fenêtre au centre qui est entourée par Judith et Holopherne à droite et Saturne dévorant un de ses fils à gauche. En
face, de chaque côté de la porte se situent La Leocadia (face au « Saturne ») et Dos viejos (« Deux vieillards », face à la « Judith »).
   - Premier étage :
Il possède les mêmes dimensions que le rez-de-chaussée, mais les murs en longueur ne possèdent qu'une fenêtre centrale : elle est entourée de deux huiles. Sur le mur de
droite, quand on regarde depuis la porte, on trouve d'abord Visión fantástica (« Vision fantastique ») puis plus loin Pélerinage à la source Saint-Isidore. Sur le mur
de gauche, on voit Les Moires puis Duelo a garrotazos (« Duel à coups de gourdin »). Sur le mur en largeur, en face, on voit Femmes riant à droite et Hommes lisant à
gauche. À droite de l'entrée, on voit Le Chien et à gauche Cabezas en un paisaje (« Tête dans un paysage »).
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