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Francisco de Goya
1746 - 1828
Peintre Espagnol
  Biographie
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Biographie Francisco de Goya (1746-1828)
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Fantaisie, sorcellerie, folie et cruauté :
En relation avec ces thèmes, on peut situer plusieurs scènes d’extrême violence, que l’exposition du musée du Prado de 1993-1994 nommait « Goya, le caprice et
l’invention ». Elles sont datées de 1798-1800 bien que Glendinning et Bozal préfèrent les situer entre 1800 et 1814, tant pour des raisons stylistiques — technique de
pinceau plus flou, réduction de la lumière sur les visages, personnages sous forme de silhouettes — que par leurs thèmes — notamment leur relation avec les Désastres de
la guerre.
Il s’agit de scènes de viols, d’assassinats de sang-froid ou à bout portant, ou de cannibalisme : Bandits fusillant leurs prisonnières (ou l’Assaut des bandits I),
Bandit déshabillant une femme (Assault des bandits II), Bandit assassinant une femme (Assaut des bandits III), Cannibales préparant ses victimes et Cannibales
contemplant des restes humains.
Dans toutes ces toiles figurent d’horribles crimes perpétrés dans des grottes obscures, qui très souvent contrastent avec la lumière blanche irradiante et aveuglante,
ce qui pourrait symboliser l’annihilation d’un espace de liberté.
Le paysage est inhospitalier, désert. Les intérieurs sont indéfinis, et on ne sait pas si ce sont des salles d’hospices ou des grottes. Le contexte, peu clair — maladies
infectieuses, vols, assassinats, viols de femmes —, ne permet pas de savoir si ce sont les conséquences d’une guerre ou de la nature même des personnages dépeints.
Quoi qu'il en soit, ceux-ci vivent en marge de la société, n'ont aucune défense face aux vexations et demeurent frustrés, comme c’était l’usage dans les romans et
gravures de l’époque.
Les désastres de la guerre (1808–1814) :
La période s'étendant entre 1808 et 1814 est dominée par les turbulence de l'histoire. A partir du soulèvement d'Aranjuez, Charles IV fut obligé d'abdiquer et Godoy
d'abandonner le pouvoir. Le soulèvement du deux mai initia le début de la guerre d'indépendance espagnole contre l'occupant français.
Goya ne perdit jamais son titre de peintre de la cour, mais continua en parallèle son activisme pour les Lumières et maintint ses relations dans les cercles afrancesados.
Cependant, son choix politique ne peut être éclairé d'après les données connues en 2014. Il semble qu'il n'afficha jamais ses idées, au moins publiquement. Alors que
d'un côté nombre de ses amis prirent ouvertement parti pour le monarque français, d'un autre côté, il continua à peindre de nombreux portraits royaux de Ferdinand VII
lors de son retour sur le trône.
Son apport le plus décisif sur le terrain des idées, fut sa dénonciation des Désastres de la guerre, série dans laquelle il peignit les terribles conséquences sociales
des tous les affrontements armés et des horreurs causées par les guerres, en tous lieux et à toutes époques par les populations civiles, indépendamment des résultats
politiques et des belligérants.
Cette époque vit également l'apparition de la première Constitution espagnole, et par suite, du premier gouvernement libéral qui signa la fin de l'Inquisition et des
structures de l'Ancien Régime.
On sait peu de la vie personnelle de Goya durant ces années. Son épouse Josefa mourut en 1812. Après son veuvage, Goya eut une relation avec Leocadia Weiss, séparée de
son mari – Isidoro Weiss – en 1811, et ils vécurent ensemble jusqu'à la mort de Goya. Il se peut que Rosario Weiss fut leurs fils, mais cette paternité est discutée.
L'autre élément certain connu de Goya à cette époque fut son voyage à Saragosse en octobre 1808, après le premier siège de Saragosse, à la demande de José Palafox y
Melci, général du contingent qui résistait à l'invasion napoléonienne. La déroute des troupes espagnoles lors de la Bataille de Tudela fin novembre 1808 obligea Goya à
partir à Fuendetodos puis à Renales (Guadalajara), pour passer la fin de l'année et le début de 1809 à Piedrahíta (Ávila). Ce fut probablement là bas qu'il peignit le
portrait de Juan Martín, el Empecinado, alors qu'il était à Alcántara (Cáceres). En mai Goya rentra à Madrid, après le décret de Joseph Bonaparte pour que les
fonctionnaires de la cour revinssent à leurs postes sous peine d'en être destitué. José Camón Aznar signale que l'architecture et les paysages de certaines estampes des
Désastres de la guerre évoquent des scènes vues à Saragosse et en Aragon durant ce voyage.
La situation de Goya lors de la restauration fut délicate : il avait peint des portraits de généraux et politiques français révolutionnaire, du roi Joseph Bonaparte,
bien qu’une partie de ces travaux fût liées à l’obligation faite aux fonctionnaires par le roi de réintégrer leurs fonctions. Goya peignit à partir de 1814 des toiles
ouvertement patriotiques à la gloire du nouveau régime de Ferdinand, tel que le portrait équestre de Palafox (1814, musée du Prado) d’après les notes qu’il avait pu
prendre dans son voyage à la capitale aragonaise, ou les portraits de Ferdinand VII. Bien que cette période ne fût pas aussi prolifique que la précédente, sa production
resta abondante, tant en peintures, qu’en dessins ou estampes, dont la série principale est Les Désastres de la guerre publiés bien plus tard. Cette année 1814 vit
également l’exécution de ses huiles sur toiles les plus ambitieuses autour de la guerre El Dos de Mayo, El Tres de Mayo de 1808, La Charge des mamelouks et Les fusillés
du trois mai, telles qu’actuellement connues.
   - Scènes de la vie quotidienne et allégories :
Le programme de Godoy pour la première décennie du XIXe siècle conserva ses aspects réformateurs inspirés des Lumières, comme le montrent les toiles qu’il commanda à
Goya où figurent des allégories au progrès (Allégorie à l'Industrie, à l’Agriculture, au Commerce et à la Science – ce dernier ayant disparu – 1804 - 1806) et qui
décoraient des salles d’attentes de la résidence du premier ministre. La première de ces toiles est un exemple du retard qu’avait l’Espagne dans la conception
industrielle. Plus qu' à la classe ouvrière, c’est une référence vélasquienne aux Fileuses qui montre un modèle productif proche de l’artisanat. Pour ce palais, deux
autres toiles allégoriques furent produite : la Poésie, et la Vérité, le Temps et l’Histoire, qui illustrent les conceptions des lumières des valeurs de la culture
écrite comme source de progrès.
L’Allégorie à la ville de Madrid (1810) est un bon exemple des transformations que subirent ce genre de toiles au fur et à mesures des rapides évolutions politiques de
cette période. Dans l’ovale à droite du portrait figurait au début Joseph Bonaparte, et la composition féminine qui symbolise la ville de Madrid ne semblait pas
subordonnée au Roi qui est un peu plus en retrait. Ce dernier reflétait l’ordre constitutionnel, où la ville jure fidélité au monarque – symbolisé par le chien à ses
pieds – sans y être subordonné. En 1812, avec la première fuite des français de Madrid devant l’avancée de l’armée anglaise, l’ovale fut masqué par le mot
« constitution » , allusion à la constitution de 1812, mais le retour de Joseph Bonaparte en novembre obligea à y remettre son portrait. Son départ définitif eut pour
conséquence le retour du mot « constitution », et, en 1823, avec la fin du triennat libéral, Vicente Lopez peignit le portrait du roi Ferdinand VII. En 1843, enfin, la
figure royale fut substituée par le texte « le Livre de la Constitution » et postérieurement par « Dos de mayo », deux mai, texte qui y figure encore.
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