Johannes Vermeer
1632 - 1675
Peintre Néerlandais
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Biographie Johannes Vermeer (1632-1675)
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   - La célébrité actuelle, et les expositions-événements :
Le XXe siècle donne enfin au maître de Delft la renommée qu’il méritait, même s’il restait à corriger les erreurs d'attribution et celles des hagiographes, et à
démasquer les faussaires, attirés par cette nouvelle célébrité.
Vermeer connaît une gloire certaine en France lors de l'« Exposition hollandaise : tableaux, aquarelles et dessins anciens et modernes » qui s'est tenue au Musée du Jeu
de Paume d'avril à mai 1921. Si trois de ses œuvres seulement y sont présentées, il s'agit véritablement de ses chefs-d'œuvre : la Vue de Delft et La Jeune fille à la
perle prêtés par le Mauritshuis de la Haye, et La Laitière prêté par le Rijksmuseum d'Amsterdam. À cette occasion, Jean-Louis Vaudoyer publie dans L'Opinion, entre le
30 avril et le 14 mai, une série de trois articles intitulés « Le Mystérieux Vermeer », que remarque tout particulièrement Marcel Proust, alors occupé à l'écriture de
son roman-cycle, À la recherche du temps perdu.
En 1935, le Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam consacre à Vermeer sa première exposition, regroupant huit de ses tableaux sous le titre « Vermeer, origine et
influence : Fabritius, De Hooch, De Witte ». L'exposition de 1966 à la Mauritshuis de La Haye, puis au Musée de l'Orangerie à Paris, intitulée « Dans la lumière de
Vermeer », en présentera onze.
En 1995, une importante rétrospective est organisée conjointement par la National Gallery of Art de Washington et la Mauritshuis de La Haye. Alors que vingt tableaux
sur les trente-cinq répertoriés étaient exposés à Washington — et attirèrent 325 000 visiteurs —, la Maurithuis en expose deux supplémentaires, La Laitière et La Lettre
d’amour ayant été prêtées pour l'occasion par le Rijksmuseum d’Amsterdam.
La dernière rétrospective Vermeer, « Vermeer et l'école de Delft », s'est tenue au Metropolitan Museum of Art de New York, du 8 mars au 27 mai 2001, puis à la National
Gallery de Londres, du 20 juin au 16 septembre 2001, et présentait treize œuvres du maître, ainsi que le très contesté Une jeune femme assise au virginal.
Vermeer est désormais placé au panthéon des peintres hollandais du XVIIe siècle, aux côtés de Rembrandt et Frans Hals, et La Jeune fille à la perle, surnommée
« La Joconde du Nord », ainsi que la Laitière, comptent parmi les tableaux les plus célèbres au monde.
Genres et sujets :
   - Peinture d'Histoire, allégories, paysages :
Vermeer commence sa carrière, après son admission à la guilde de Saint-Luc en 1653, par des toiles à sujets religieux et mythologiques, dont Diane et ses compagnes et
Le Christ dans la maison de Marthe et Marie. Ceci renvoie vraisemblablement à l'ambition du jeune peintre de se faire une place de choix au sein de la confrérie, en
pratiquant ce qui était alors considéré comme un genre majeur, la peinture d'Histoire, à laquelle étaient réservés les grands formats
(respectivement 97,8 × 104,6 et 160 × 142 cm).
Il abandonnera cependant rapidement cette veine pour explorer d'autres genres. Deux allégories notamment sont parvenues jusqu'à nous, L'Art de la peinture et L'Allégorie
de la foi. Si la première est considérée comme une sorte de manifeste personnel témoignant de sa propre conception de l'art, dans la mesure où il la peignit
vraisemblablement pour lui seul, et qu'il la conserva chez lui jusqu'à sa mort, la seconde a plus sûrement été peinte pour un commanditaire catholique, que ce soit la
confrérie jésuite qui logeait tout à côté de la maison de Maria Thins, sa belle-mère, une église clandestine catholique, ou un particulier — habitant peut-être aussi
le « Coin des papistes » de Delft. Mais toutes deux sont remarquables par la synthèse — voire la contradiction apparente — opérée entre la représentation d'un espace
privé, réaliste, et la signification allégorique, symbolique de l'œuvre.
Son œuvre comporte également deux paysages, deux extérieurs prenant comme sujet sa ville, généralement mis au rang de ses chefs-d'œuvre : La Ruelle, célébrée par exemple
par Thoré-Burger, et la Vue de Delft, qu'admira tant Marcel Proust, et à sa suite, Bergotte, le romancier d'À la recherche du temps perdu.
   - Intérieurs et scènes de genre :
Mais Vermeer reste surtout connu pour ses scènes de genre peintes sur de petits formats, qui constituent l'essentiel de sa production. Elles représentent des intérieurs
intimes, sereins, « bourgeois », dans lesquels les personnages, comme surpris par le peintre, sont occupés à leurs activités de tous les jours.
Deux toiles peintes vers 1656-1657 assurent la transition entre la peinture d'Histoire et la peinture de genre : le grand format L'Entremetteuse (143 × 130 cm) et la
Jeune fille assoupie. Toutes deux comportent une dimension moralisante assez évidente pour condamner, l'une la prostitution, l'autre l'oisiveté. La signification des
toiles ultérieures sera cependant beaucoup moins claire, et plus ouverte.
Le thème de l'amour, notamment, est omniprésent dans ses intérieurs, qu'ils comportent un, deux, voire trois personnages. Mais il apparaît sous le régime ambivalent de
l'allusion, que ce soit avec la récurrence du motif de la lettre, ou de celui de la musique, voire du vin — l'ivresse étant alors souvent perçue comme un moyen
malhonnête de séduction. Autre thématique morale, celle de la vanité, avec les bijoux, colliers de perles, lourds pendants d'oreilles, etc., que l'on retrouve d'une
toile à l'autre — sans que le sens soit pour autant jamais totalement arrêté.
Quelques toiles en revanche semblent au contraire valoriser des activités domestiques en présentant des modèles de vertus, comme La Laitière ou La Dentellière.
L'Astronome et Le Géographe occupent une place à part, en ce sens qu'ils représentent, non des activités domestiques, intimes ou privées, mais un scientifique au
travail. Il s'agit de surcroît des deux seules toiles dans l'œuvre de l'artiste à représenter un homme sans compagnie féminine. Certains ont voulu reconnaître le
drapier et naturaliste Antoni van Leeuwenhoek, contemporain et ami de Vermeer, qui devait régler plus tard sa succession. L'hypothèse a néanmoins été écartée par
d'autres, s'appuyant sur la comparaison avec un portrait avéré du savant et sur des informations concernant son caractère et sa façon de travailler.
Au moins trois œuvres représentent en outre des bustes de femmes seules, La Jeune fille à la perle, Portrait d'une jeune femme et La Fille au chapeau rouge
(en exceptant La Jeune fille à la flûte, à l'attribution encore contestée). Hormis le Portrait de jeune femme, d'exécution tardive, entre 1672 et 1675, et qui pourrait
avoir été peint par un Vermeer aux abois, contraint par la nécessité de pratiquer un genre alors très rémunérateur, les autres représentations de femmes ne sont pas à
proprement parler des portraits116, dans la mesure où leur but est moins de fixer sur la toile l'identité d'une personne réelle, qui serait le commanditaire, que de
s'attacher à un « morceau de peinture », une attitude sur le vif — le regard par-dessus l'épaule, les lèvres entrouvertes —, une coiffe exotique, si ce n'est
improbable — chapeau rouge ou turban, à la manière de l'autoportrait présumé de Jan van Eyck (1433) —, de lourds pendants d'oreilles accrochant la lumière.
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