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Edouard Manet
1832 - 1883
Peintre Français
  Biographie
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Biographie Edouard Manet (1832-1883)
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C’est cependant une autre atmosphère, « d'une gaieté et d'une délicatesse de tons charmantes » selon Émile Zola, celle d'un restaurant avec jardin, situé avenue de
Clichy, qui inspire à l'artiste Chez le père Lathuille (1879), où l'on voit un jeune homme s’empresser auprès d’une jeune femme et lui faire la cour.
C'est en traitant une nouvelle fois l'univers des cafés et des lieux de plaisir que Manet déjà profondément rongé par la syphilis réalise en 1881-1882, une de ses
dernières œuvres majeures intitulée Un bar aux Folies Bergère.. La scène, contrairement aux apparences, n’a pas été peinte au bar des Folies Bergère mais a été
entièrement recréée en atelier. La jeune femme servant de modèle, Suzon, est en revanche une véritable employée de ce célèbre café-concert. Les nombreux éléments
présents sur le marbre du bar, qu’il s’agisse des bouteilles d’alcool, des fleurs ou des fruits, forment un ensemble pyramidal allant trouver son sommet, non sans
malice, dans les fleurs qui ornent le corsage de la serveuse elle-même. Mais l’aspect qui a le plus retenu l’attention des critiques a été le reflet de Suzon dans le
miroir. Ce dernier ne semble pas renvoyer une image exacte de la scène, tant en ce qui concerne la posture de la jeune femme que la présence de l’homme en face d’elle,
si rapproché qu’il devrait logiquement tout cacher aux yeux du spectateur. Il est difficile de conclure si cette anomalie est le fruit de la volonté de l’artiste ou une
simple erreur d’appréciation, ce qui n’a pas été sans amuser Huysmans. Ce dernier décrit avec délectation la manière dont le tableau « stupéfie les assistants qui se
pressent en échangeant des observations désorientées sur le mirage de cette toile. ».
Natures mortes :
Manet aimait aussi les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de
son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses
tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans le déjeuner sur l'herbe , le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la
table dressée et différents objets dans le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de
Théodore Duret ou la table et les livres dans le portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes ne manquent pas dans l’œuvre de Manet : l'artiste a ainsi
plusieurs fois peint poissons, huîtres ou autres mets (Nature morte au cabas et à l’ail, 1861-1862, Louvre-Abou Dhabi, ou La Brioche, 1870 - Metropolitan Museum of Art,
New York), rendant ainsi une sorte d'hommage à Chardin. Il a peint plus souvent encore des sujets floraux qui évoquent la peinture hollandaise (roses, pivoines, lilas,
violettes) ou encore des fruits et des légumes (poires, melons, pêches, citrons, asperges) ; une anecdote existe à propos de la botte d'asperges : Ephrussi (qui inspira
à Marcel Proust le personnage Swann dans À la recherche du temps perdu) ayant acheté le tableau plus cher que le prix proposé, Manet lui fit parvenir un petit tableau
(aujourd'hui au musée d'Orsay) représentant une seule asperge avec ce mot « Il en manquait une à votre botte ».
Au-delà du genre traditionnel, les natures mortes d’Édouard Manet retiennent l'attention en constituant parfois de véritables mises en scène dramatiques, comme le
montre le tableau du Vase de pivoines sur piédouche (1864) : par la composition des fleurs en train de se faner, des pétales tombées à terre et par le cadrage très
serré sur le vase, le regard du spectateur est happé et attiré vers un mouvement de haut vers le bas.
Gravures et dessins :
Manet travailla aussi la gravure et réalisa près d'une centaine d'estampes - surtout des eaux-fortes mais aussi six lithographies et des bois gravés -, en reprenant les
sujets de certains de ses tableaux. Il s'y consacra régulièrement jusqu'en 1869 et y revint épisodiquement par la suite. Des tirages et des retirages furent également
réalisés après sa mort On peut relever parmi elles Le Guitarero (1861), Le Buveur d’absinthe (1861-1862), Lola de Valence (1862), L’Acteur tragique (1866), Olympia
(1867), L’Exécution de Maximilien (1868, lithographie), Le Torero mort (1868), La Barricade et Guerre civile (1871, lithographies), Berthe Morisot(1872) et Le
Polichinelle (sa seule lithographie en couleurs de 1876).
Il grava aussi des illustrations pour la librairie comme le Frontispice pour Les Ballades de Théodore de Banville (été 1874), Le Fleuve de Charles Cros (1874), Le
Corbeau (1875), traduction du poème d’Edgar Allan Poe par Stéphane Mallarmé.
Manet apporta un soin particulier au Corbeau, tant par le choix des papiers que par la technique dite par Moreau-Nélaton de l'autographie : des dessins au pinceau à
l'encre autographique, reportés sur zinc et tirés par Lefman. Les feuilles d'images étaient insérées entre les doubles feuilles du texte.
L'illustration de la première strophe est un dessin assez précis qui détaille le poète à sa table. La suivante, retravaillée maintes fois par l'artiste, est plus
impressionnante minuit lugubre, avec un paysage sombre et triste. Et plus on avance dans l'ouvrage plus les planches se font noires jusqu'à la dernière image presque
illisible avec le jeu des ombres portées et les larges coups de pinceaux.
Le destin du Corbeau, ouvrage pourtant très raffiné, fut très décevant. Selon Mondor et Jean Aubry, « son format trop volumineux, les illustrations d'Édouard Manet,
fort discuté encore en 1875, la singularité, pour le gros des lecteurs, du poème de Poe, le nom encore à peu près inconnu de Mallarmé, tout concourut à éloigner les
acquéreurs possibles. » L'année suivante, L’Après-Midi d’un faune de Mallarmé, qui devait paraître chez l'éditeur Alphonse Derenne, allait recevoir un meilleur accueil.
Manet a également utilisé la technique de la mine de plomb et le lavis à l'encre de chine pour deux Annabel Lee (1879-1881). La première Jeune femme au bord de la mer
(46,2 × 29 cm) se trouve à Rotterdam, au Musée Boijmans Van Beuningen, la deuxième à Copenhague au Statens Museum for Kunst . Plus tôt, il avait abordé cette technique
avec A la fenêtre (27 × 18 cm, musée du Louvre, Cabinet des dessins) et Marine au clair de lune (20 × 18 cm, Cabinet des Dessins du Louvre).
En 1877-1878, Manet produit deux fiacres. L'un à la mine de plomb (Cabinet des dessins du Louvre), l'autre au crayon noir et lavis d'encre bleu. L'Homme au béquilles
(27 × 20 cm) actuellement conservé au Metropolitan de New York, est le personnage que l'on retrouve de dos dans La Rue Mosnier aux drapeaux. Traité au lavis d'encre de
chine, cet invalide habitait le quartier de l'Europe. Le dessin était un projet de couverture pour Les Mendiants, chanson de son ami Ernest Cabaner sur des paroles de
Jean Richepin.
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