Edouard Manet
1832 - 1883
Peintre Français
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Biographie Edouard Manet (1832-1883)
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Manet, à ce moment-là, est fasciné par l’art espagnol, qu’il associe au réalisme, par opposition à l’art italianisant des Académiques. Déjà bien avant son premier voyage
en Espagne en 1865, Manet consacre plusieurs toiles à ce qu’il désigne lui-même comme des « sujets espagnols » : danseuse Lola de Valence, et le guitarero du Chanteur
espagnol.
Le Chanteur espagnol lui vaut son premier succès. Il est accepté au Salon de Paris en 1861 avec le portrait de ses parents. Les critiques Jean Laran et Georges Le Bas
rapportent qu'il fit l'admiration d'Eugène Delacroix et de Ingres et que ce fut sans doute grâce à l'intervention de Delacroix que le tableau obtint la mention
« honorable ». Il plaît aussi à Baudelaire et à Théophile Gautier qui déclare dans Le Moniteur universel du 3 juillet 1861 : « Il y a beaucoup de talent dans cette
figure de grandeur naturelle peinte en pleine pâte, d'une brosse vaillante et d'une couleur très vraie. »
Les diverses influences pour ce tableau ont fait l'objet de discussions nombreuses. Selon Antonin Proust, Manet aurait déclaré lui-même :« En peignant cette figure, je
pensais aux maîtres de Madrid, et aussi à Hals ». Les historiens d'art ont également évoqué l'influence de Goya (en particulier de l'eau forte : Le Chanteur aveugle),
Murillo, Diego Vélasquez ainsi que celle de Gustave Courbet dans sa tendance réaliste.
Le tableau fut également admiré par un groupe de jeunes artistes : Alphonse Legros, Henri Fantin-Latour, Edgar Degas et d'autres. Cette rencontre avec les jeunes
peintres fut décisive, car elle désigna Manet comme le chef de file de l'avant-garde.
   - La Tauromachie et l'influence de Goya :
Une des toiles de Manet les plus connues, traitant de tauromachie, est son Homme mort, daté de 1864.
L’œuvre, à l’origine, n’est en fait qu’une partie d’une composition plus vaste destinée au Salon de la même année, et intitulée Épisode d’une course de taureaux : le
peintre, mécontent des critiques acerbes de Théophile Thoré-Burger et des caricatures que Bertall en a fait dans « Le Journal amusant », découpe l'Épisode en deux
parties qui formeront deux toiles autonomes : L'Homme mort et La Corrida conservée à la Frick Collection à New York.
Manet découpe La Corrida de façon à garder trois toreros à la barrière (premier titre choisi pour cette œuvre était d'ailleurs Toreros en action), mais s'il voulait
garder les hommes en pied, il fallait qu'il coupe pratiquement tout le taureau. L'artiste décida plutôt de couper les pieds du torero de gauche et de rogner sur la foule
dans les gradins.
Lorsque Manet a réalisé Épisode d’une course de taureaux, il n'était encore jamais allé en Espagne. C'est à la suite de ce voyage qu'il exprime son admiration pour la
corrida dans une lettre adressée à Baudelaire le 14 septembre 1865: « Un des plus beaux, des plus curieux, et des plus terribles spectacles que l'on puisse voir, c'est
une course de taureaux. J'espère, à mon retour, mettre sur la toile l'aspect brillant, papillotant et en même temps dramatique de la corrida à laquelle j'ai assisté. »
C'est sur ce même thème, qu'il a réalisé plusieurs grands formats : Le Matador saluant que Louisine Havemeyer acheta à Théodore Duret, et Combat de taureau actuellement
conservé au Musée d'Orsay à Paris.
Étienne Moreau-Nélaton et Adolphe Tabarant, s'accordent à dire que le frère de Manet, Eugène, a servi de modèle pour le personnage du matador saluant, et qu'il s'agit
bien d'un torero applaudi par la foule après la mort du taureau.
Manet commence le Combat de taureau, à son retour de voyage en Espagne, en 1865. Dans son atelier de Paris, rue Guyot (aujourd'hui rue Médéric), il est possible qu'il
ait utilisé à la fois des croquis faits sur place en Espagne (croquis que l'on n'a pas retrouvés à l'exception d'une aquarelle), mais aussi des gravures de La
Tauromachie de Francisco de Goya qu'il possédait. Manet vouait une grande admiration au peintre espagnol qui l'a encore influencé sur d'autres sujets que la tauromachie
notamment pour L'Exécution de Maximilien.
   - Entrée dans la vie mondaine :
Édouard Manet, d'après la description qu'en fait Antonin Proust, était un jeune homme plein d’assurance, volontiers amical et sociable. C’est pourquoi l’époque de ses
premiers succès est aussi celle de son entrée remarquée dans les cercles intellectuels et aristocratiques parisiens.
« Il se forma autour de Manet une petite cour. Il allait presque chaque jour aux Tuileries de deux à quatre heures.(…) Baudelaire était là son compagnon habituel. On
regardait curieusement ce peintre élégamment vêtu qui disposait sa toile, s'armait de sa palette, et peignait » La description de Proust donne une idée assez juste de
Manet qui était bien un des dandys en haut de forme de son tableau, habitués de son atelier, des Tuileries et du café Tortoni de Paris, café élégant du boulevard, où il
prenait son déjeuner, avant d'aller aux Tuileries. « Et quand il revenait chez Tortoni de cinq à six heures, c'était à qui le complimenterait sur ses études qu'on se
passait de main en main. »
Avec La Musique aux Tuileries (1862) Manet brosse le tableau de l'univers élégant dans lequel il évoluait. Le tableau dépeint un concert donné au jardin des Tuileries et
dans lequel le peintre représente des personnes qui lui sont proches.
On distingue, de gauche à droite, un premier groupe de personnages masculins parmi lesquels son ancien compagnon d'atelier Albert de Balleroy, Zacharie Astruc (assis),
Charles Baudelaire debout, et derrière Baudelaire, à gauche : Fantin-Latour. Parmi les hommes, Manet a placé son frère Eugène Manet, Théophile Gautier, Champfleury, le
baron Taylor, Aurélien Scholl. La première dame habillée en blanc en partant de la gauche est Mme Lejosne, femme du commandant Hippolyte Lejosne chez lequel Manet a fait
la connaissance de Baudelaire. Ceux qui fréquentaient Lejosne étaient tous des amis de Manet. À côté de Mme Lejosne se trouve Mme Offenbach.
Le peintre s’est lui-même représenté sous les traits du personnage barbu le plus à gauche de la composition. À sa droite, assis contre le tronc, on reconnait « celui que
Manet appelait le Mozart des Champs Élysées : Gioacchino Rossini. »
Le tableau fut jugé sévèrement par Baudelaire qui n'en parla pas en 1863 et il fut vivement attaqué par Paul de Saint-Victor : « Son concert aux Tuileries écorche les
yeux comme la musique des foires fait saigner l'oreille. » Hippolyte Babou parle de la « manie de Manet de voir par taches (…) la tache-Baudelaire, la tache-Gautier, la
tache-Manet. »
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