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Edouard Manet
1832 - 1883
Peintre Français
  Biographie
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Biographie Edouard Manet (1832-1883)
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Cette proximité entre l'artiste et l'écrivain amènera Édouard Manet à créer les illustrations qui accompagnent deux textes de Mallarmé : Le Corbeau, traduction du poème
d'Edgar Allan Poe en 1875, et L'Après-midi d'un faune en 1876.
Amitiés artistiques : la « bande de Manet » :
Au fur et à mesure que Manet gagne en âge, un nombre grandissant de jeunes artistes se réclament de son esprit en s’opposant à leur tour à l'adadémisme. Prônant la
peinture en plein air et se qualifiant eux-mêmes, tour à tour, d’Intransigeants, de Réalistes ou encore de Naturalistes, la critique va finalement, avec ironie, les
surnommer « Impressionnistes ». Parmi ces jeunes talents, certains vont se rapprocher de Manet et former le groupe dit « des Batignolles », ainsi nommé en référence au
quartier des Batignolles où se trouvaient l’atelier de Manet et les principaux cafés que la bande fréquentait. On compte notamment dans ce groupe les peintres Paul
Cézanne, Auguste Renoir, Frédéric Bazille ou Claude Monet.
De tous ces jeunes disciples, l’ami le plus intime de Manet est incontestablement Claude Monet, futur chef de file de l’impressionnisme. Les familles des deux peintres,
deviennent vite très proches et passent de longues journées ensemble dans la verdure d’Argenteuil, chez les Monet. Ces visites régulières sont l’occasion pour Édouard
Manet de réaliser plusieurs portraits intimistes de son ami, comme celui ironiquement appelé Claude Monet peignant dans son atelier, et surtout de s’essayer à imiter le
style et les thèmes favoris de ce dernier, en particulier l’eau. L’émulation est visible dans Argenteuil, où Manet force volontairement son trait pour se rapprocher de
l’impressionnisme par nature plus tranché de Monet, avec une Seine d’un bleu outrancier.
Cette admiration réciproque n’empêche cependant pas les deux hommes de développer, indépendamment l’un de l’autre, leurs propres styles. On peut ainsi utilement comparer
deux vues de Paris réalisées le même jour sur le même sujet en 1878, à l’occasion de l’Exposition universelle : tandis que La Rue Mosnier aux drapeaux de Manet présente
un paysage austère et presque aride, le faste luxuriant de La Rue Montorgueil de Monet révèle un point de vue radicalement différent.
Édouard Manet est également très lié au peintre Edgar Degas, bien que ce dernier n’ait pas fait spécifiquement partie du groupe des Batignolles. Les deux hommes sont
inséparables aux heures sombres de la guerre franco-prussienne de 1870 lorsque, pris au piège dans le Paris assiégé en compagnie de son ami, Manet ne pouvait communiquer
que par lettres avec sa femme Suzanne réfugiée en province. Manet et Degas se trouvent d’autres affinités pendant la Commune de Paris par leur opposition conjointe au
parti versaillais. Bien que les deux hommes se soient souvent querellés et affrontés pour obtenir la prééminence dans l’avant-garde artistique, Degas conservera toujours
une grande estime pour Manet et contribuera à promouvoir l’œuvre de ce dernier après sa mort.
Peintures historiques :
   - Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama :
La peinture historique, en raison de son caractère très académique, reste un genre marginal dans l’œuvre de Manet, quelques événements contemporains importants ont
pourtant retenu son intérêt. C'est ainsi que le peintre immortalise en 1865 une bataille navale de la guerre de Sécession qui s'est déroulée au large de Cherbourg le 19
juin 1864, entre le navire fédéral Kearsarge et le bâtiment confédéré Alabama: Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama (134 × 127 cm). En 1872, Barbey d'Aurevilly
affirme « Le tableau de Manet est avant tout une magnifique marine » soulignant que « la mer qu'il gonfle alentour est plus terrible que le combat ». Le tableau exposé
chez Alfred Cadart reçoit les éloges du critique Philippe Burty.
Manet réalise la même année plusieurs toiles sur le thème du Kearsarge et sur le thème des bateaux de pêche qui témoignent des activités maritimes de l'époque :
L'arrivée à Boulogne du Kearsarge( 1864), Le Steam-boat, marine ou Vue de mer, temps calme (1864-1865), La jetée de Boulogne (1869) ou des portraits de membres de son
équipage (Pierrot ivre, aquarelle qui caricaturerait le pilotin Pontillon, futur époux d'Edma Morisot, sœur de la peintre Berthe Morisot avec qui Manet se lie d'amitié).
   - L'Exécution de Maximilien :
Manet était encore à vif depuis l'insuccès de son exposition à l'Alma lorsque le 19 juin 1867, et alors même que l'Exposition universelle n’est pas terminée, la nouvelle
de l’exécution de Maximilien de Habsbourg, au Mexique, parvient jusqu’à la capitale française. Édouard Manet, depuis toujours fervent républicain, est scandalisé par la
manière dont Napoléon III , après avoir imposé l'instauration de Maximilien au Mexique, lui a retiré le soutien des troupes françaises. Le peintre travaille plus d’une
année à une grande toile commémorative et historique, de l'été 1867 à la fin 1868.
Il réalise plusieurs versions du même sujet. La première est au musée de Boston, des fragments de la deuxième sont rassemblés à la National Gallery de Londres,
l'esquisse définitive est à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague, la composition finale, au musée de Mannheim.
« La version de Boston est d'ailleurs la plus proche de Goya, par l'esprit romantique qui l'anime et par les tons chauds, qu'une harmonie froide de gris, de verts et de
noirs remplacera dans les versions suivantes. Alors que Goya saisissait le moment où les soldats mettent en joue, Manet, lui, fixe le coup de feu. Cette version serait
le laboratoire primitif de la composition. »
Inspirée du Tres de Mayo de Goya, et cependant traitée d’une manière radicalement différente, la scène de L'Exécution de Maximilien satisfait Manet qui l'aurait sans
doute proposée au salon si on ne lui avait pas fait savoir à l'avance qu'il serait refusé. Mais le tableau, connu dans le milieu artistique, fera des émules notamment
avec Gérôme et son Exécution du maréchal Ney. « Avec sa séquence des Exécutions, Manet est un exemple du dernier effort pour recréer la grande peinture d'histoire. Il
faut attendre Guernica de Picasso (1937), et plus clairement les Massacres de Corée pour voir relevé le défi de Manet, défi que Manet avait lui-même lancé à Goya et à la
grande tradition. »
Exposé aux États-Unis par l'amie du peintre, la cantatrice Émilie Ambre au cours de ses tournées en 1879 et 1880, le tableau n'aura qu'un succès relatif. Le triomphe de
l'Impressionnisme refoulera pour un moment l'ambition de peindre les grands évènements du temps.
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