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Edouard Manet
1832 - 1883
Peintre Français
  Biographie
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Biographie Edouard Manet (1832-1883)
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   - Apprentissage à l’atelier de Thomas Couture :
Après son deuxième échec au concours du Borda, Manet refuse de s'inscrire aux Beaux-Arts, et il entre avec Antonin Proust, dans l’atelier du peintre Thomas Couture, en
1850, où il reste environ six ans. Manet perdra assez vite confiance en son maître et prend le contrepied de ses enseignements.
Thomas Couture est l’une des figures emblématiques de l’art académique de la seconde moitié du XIXe siècle, avec un attrait marqué pour le monde antique qui lui vaut un
immense succès avec son chef- d'œuvre Romains de la décadence au salon de 1847. Élève de Gros et de Delaroche, Couture est alors au sommet de sa gloire et c'est Manet
lui-même qui insiste auprès de ses parents pour s'inscrire dans l'atelier du maître.
Manet consacre l’essentiel de ces six années à l’apprentissage des techniques de base de la peinture et à la copie de quelques œuvres de grands maîtres exposées au musée
du Louvre, notamment : l’Autoportrait du Tintoret, le Jupiter et Antiope attribué au Titien ou Hélène Fourment et ses enfants, œuvre de Pierre Paul Rubens. Il rend
également visite à Delacroix auquel il demande la permission de copier La Barque de Dante, alors exposée au musée du Luxembourg.
Manet complète sa formation par une série de voyages à travers l’Europe : on trouve trace de son passage au Rijksmuseum d’Amsterdam en juillet 1852. Il fait aussi deux
séjours en Italie : le premier, en 1853, en compagnie de son frère Eugène et du futur ministre Émile Ollivier lui offre l'occasion de copier la célèbre Vénus d'Urbin du
Titien, à la galerie des Offices de Florence, et à La Haye, il copie La Leçon d'anatomie de Rembrandt. Au cours du second voyage en Italie, en 1857, Manet revient dans
la cité des Médicis pour y croquer des fresques d’Andrea del Sarto au cloître de l’Annunziata. Outre les Pays-Bas et l’Italie, l’artiste a encore visité en 1853
l’Allemagne et l’Europe centrale, en particulier les musées de Prague, Vienne, Munich ou Dresde.
L’indépendance d’esprit de Manet et son obstination à choisir des sujets simples déroute Couture qui pourtant, demande son opinion à son élève sur un de ses propres
tableaux : Portrait de Mlle Poinsot. Manet s'inspire cependant des portraits de Couture : tableaux aux visages éclairés, peinture énergique dans laquelle pointe déjà des
éléments de la vie moderne (costume noir, accessoires de la mode). Manet vient de terminer en 1859 Le Buveur d'absinthe que Couture ne comprend pas et les deux hommes se
brouillent. Dès ses premiers jours à l'atelier, Manet disait déjà : « Je ne sais pas pourquoi je suis ici; quand j'arrive à l'atelier, il me semble que j'entre dans une
tombe ». Manet quitte l’atelier Couture en 1856, et il emménage dans son propre local, rue Lavoisier, avec son ami, Albert de Balleroy.
C'est dans cet atelier qu'il peint, en 1859, le portrait intitulé L'Enfant aux Cerises. L'enfant était alors âgé de 15 ans lorsque Manet l'avait engagé pour laver ses
brosses. Il a été retrouvé pendu dans l'atelier de Manet, qui, frappé par ce suicide, s'installe dans un autre local. Cet épisode dramatique inspirera plus tard à
Charles Baudelaire un poème : La Corde, qu'il dédie à Édouard Manet.
Les débuts du peintre :
   - Période hispanisante - Le thème espagnol :
Les deux premiers tableaux à thème espagnol, Jeune Homme en costume de majo et Mlle V. en costume d'espada, qui sont présentés au Salon des Refusés de 1863 avec Le
Déjeuner sur l'herbe, déroutent les critiques et suscitent de vives attaques malgré le soutien d'Émile Zola qui voit là « une œuvre d'une vigueur rare et d'une extrême
puissance de ton (...) Selon moi, le peintre y a été plus coloriste qu'il n'a coutume de l'être. Les taches sont grasses et énergiques et elles s'enlèvent sur le fond
avec toutes les brusqueries de la nature. »
Le Jeune Homme en costume de majo est le jeune frère de Manet, Gustave. Quant à Mlle V., c'est un audacieux portrait du modèle fétiche de Manet, Victorine Meurent,
travestie en homme. Sur cette toile, Victorine feint de participer en tant qu’espada à une tauromachie. Tout est mis en œuvre cependant pour montrer que le sujet n’est
qu’une supercherie : Victorine, du fait de la menace représentée par le taureau, ne devrait normalement pas fixer le spectateur avec autant d'insistance. L'ensemble de
la scène est tout simplement un prétexte visant à représenter la modèle dans des habits masculins et donc à faire ressortir de manière plus éclatante encore sa féminité.
Les attaques de Théophile Thoré-Burger sont particulièrement virulentes : « (...) une demoiselle de Paris en costume de espada, agitant son manteau pourpre dans le
cirque d'un combat de taureau. Monsieur Manet adore l'Espagne et son maître d'affection paraît être Francisco de Goya dont il imite les tons vifs et heurtés. »
Il est vrai que Manet ne visita l'Espagne qu'en 1865, et qu'il ne s'est peut-être familiarisé avec les coutumes de Madrid et les détails de la corrida qu'à travers le
Voyage en Espagne de Théophile Gautier, ou les détails de la corrida donnés par Prosper Mérimée. Il avait en outre, dans son atelier, une collection de costumes qu'il
utilisait comme accessoires et qui lui étaient fournis par un marchand espagnol du passage Jouffroy. Comme le remarque Beatrice Farwell, on retrouve le costume de Mlle
V dans d'autres tableaux de Manet : le Chanteur espagnol et le Jeune Homme en costume de majo.
   - L'influence de Velázquez :
Après quelques années employées à copier de grands tableaux, c’est au Salon de 1859 que Manet se décide à dévoiler officiellement sa première œuvre, intitulée Le Buveur
d'absinthe. La toile, de facture réaliste, dénote l’influence de Gustave Courbet, mais constitue surtout un hommage à celui que Manet a toujours considéré comme « le
peintre des peintres », Diego Vélasquez : « j'ai, dit-il essayé de faire un type de Paris en mettant dans l'exécution la naïveté du métier que j'ai trouvée chez
Vélasquez. »
Beaucoup de peintures d’Édouard Manet comportent ainsi des références au maître espagnol.
Cependant, Le Buveur d'absinthe si peu académique est refusé au Salon de 1859. Le jury ne comprend pas cette œuvre qui illustre d'une certaine manière le Vin des
chiffonniers de Baudelaire « buvant et se cognant au mur comme un poète.» De même Thomas Couture considère que le seul buveur d'absinthe est ici le peintre. Manet
apprend ce refus en présence de Baudelaire, de Delacroix et d'Antonin Proust. et il pense que c'est Thomas Couture qui en est responsable « Ah! il m'a fait refuser!
Ce qu'il a dû en dire devant les bonzes de son acabit (...). »
Le jeune artiste bénéficie pourtant de plusieurs soutiens remarqués, avec notamment Eugène Delacroix, qui assure sa défense auprès du jury, et surtout Charles
Baudelaire, qui venait de faire sa connaissance et s’employait à le faire connaître dans la société parisienne.
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