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Edouard Manet
1832 - 1883
Peintre Français
  Biographie
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Biographie Edouard Manet (1832-1883)
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Maturité et modernité :
1867 est une année riche en événements pour Manet : le peintre profite de l’Exposition universelle qui se tient à Paris, au printemps, pour organiser sa propre exposition
rétrospective et présenter une cinquantaine de ses toiles. S’inspirant de l’exemple de Gustave Courbet, qui avait eu recours à la même méthode pour se détourner du Salon
officiel, Manet n’hésite pas à puiser fortement dans ses économies pour édifier son pavillon d’exposition, à proximité du pont de l'Alma, et pour organiser une véritable
campagne de publicité avec le soutien d’Émile Zola. Le succès, cependant, n'a pas été à la hauteur des espérances de l’artiste : tant les critiques que le public ont
boudé cette manifestation culturelle.
Édouard Manet a cependant atteint la maturité artistique et durant une vingtaine d'années il réalise des œuvres d’une remarquable variété, allant des portraits de son
entourage (famille, amis écrivains et artistes) aux marines et aux lieux de divertissement en passant par les sujets historiques. Toutes vont influencer de façon marquée
l’école impressionniste et l'histoire de la peinture.
   - Peinture religieuse - un Manet méconnu :
Manet à l'opposé de l'art saint-sulpicien, s'inscrit dans la lignée des maîtres italiens comme Le Caravage, ou hispaniques comme Zurbaran, pour traiter avec réalisme les
corps dans ses tableaux religieux, qu'il s'agisse du corps supplicié assis au bord du tombeau du Christ soutenu par les anges (1864, New York, Metropopolitan Museum of
Art) reprenant la composition classique de l'iconographie chrétienne du Christ aux plaies comme celle de Mantegna ou d'un « homme de chair et d’os, de peau et de
barbe, et pas un pur et saint esprit en robe de bure » dans Un moine en prière(vers 1864). Il expose également au Salon de 1865 un Jésus insulté par les soldats.
Ces œuvres lui valurent des quolibets de Gustave Courbet ou de Théophile Gautier mais elles furent saluées par Émile Zola : « Je retrouve là Édouard Manet tout entier,
avec les partis-pris de son œil et les audaces de sa main. On a dit que ce Christ n’était pas un Christ, et j’avoue que cela peut être ; pour moi, c’est un cadavre peint
en pleine lumière, avec franchise et vigueur ; et même j’aime les anges du fond, ces enfants aux grandes ailes bleues qui ont une étrangeté si douce et si élégante. ».
Cette période méconnue de la création d’Édouard Manet (autour des années 1864-1865)a été mise en relief dans une salle de l'exposition du Musée d'Orsay (5 avril - 17
juillet 2011) Manet, inventeur du Moderne.
Famille :
   - Sa compagne Suzanne Leenhoff :
Suzanne Leenhoff est une jeune Néerlandaise corpulente et placide entrée à 20 ans en 1850 au service de la famille Manet comme professeur de piano d'Édouard et de son
frère Eugène. En janvier 1852 elle met au monde un garçon que certains estiment (comme Adolphe Tabarant), être le fils d'Édouard Manet. Elle avait le tempérament adéquat
pour vivre aux côtés du peintre et supporter avec le sourire ses nombreuses infidélités. Édouard Manet, attaché à Suzanne pour l'équilibre qu'elle lui apportait, finit
par l'épouser en octobre 1863, un an après la mort du père de Manet.
La silhouette tranquille et apaisante de Suzanne figure à de nombreuses reprises dans l'œuvre de Manet. On compte plusieurs portraits restés célèbres, notamment La
Lecture, où Mme Manet écoute avec attention les paroles de son fils Léon : les tonalités et les couleurs de cette toile, très douces, en font un remarquable exemple
d'impressionnisme. Dans Suzanne Manet à son piano, l'époux de la jeune femme met en valeur le grand talent qu'elle avait pour jouer cet instrument, au point qu'elle a pu
apaiser les derniers jours de Baudelaire en jouant du Wagner. Enfin, c'est également la fidèle compagne du peintre qui sert de modèle au nu féminin de La Nymphe surprise.
   - Léon Leenhoff (son fils ?) :
Bien qu’aucune preuve directe de paternité ne puisse être établie, Édouard Manet est sûrement le père biologique du fils de Suzanne, Léon Leenhoff, qu’il a élevé
d’ailleurs comme son fils. Les raisons ayant poussé le peintre à ne jamais reconnaître sa paternité, même après son mariage, restent assez énigmatiques (certains
historiens considèrent que ce n'est pas son fils caché mais son demi-frère, Suzanne ayant eu une relation avec Auguste Manet), de même que la nature exacte des relations
qu’il entretenait avec le jeune garçon. Ce dernier, jusqu’à un âge avancé, l’appelait « parrain », d’où une certaine ambiguïté accentuée par le fait que jusqu'à la mort
de sa mère il ne se pensait pas comme le fils de Suzanne mais comme son frère.
Il est possible de suivre le mûrissement progressif de Léon à travers les portraits que Manet a fait de lui, depuis l’enfance jusqu’à l’adolescence. C’est encore un tout
jeune enfant qui pose, déguisé en page espagnol, dans L'Enfant à l'épée, à l’époque où le peintre accumulait les sujets espagnols. Plus tard, dans Les Bulles de savon,
un Léon âgé de quinze ans s’amuse à faire des bulles dans un bol de savon, peut-être afin de symboliser la brièveté de la vie. Mais surtout, on retient de Léon Leenhoff
le visage d’un adolescent rêveur et mystérieux, tel qu’il apparaît dans le célèbre Déjeuner dans l'atelier, réalisé à l’appartement familial de Boulogne-sur-Mer, où les
Manet passaient l’été. Cette toile, acceptée et exposée au Salon de Paris de 1869, résume parfaitement l’œuvre de Manet en ce qu’elle a parfois de bizarre ou d’absurde
grâce à un rassemblement d’éléments totalement hétéroclites : trois personnages indifférents les uns aux autres, un repas mêlant huîtres et café, des armes et des
accessoires de combat, sans oublier bien sûr la présence de l’incontournable chat noir, qui, depuis Olympia, symbolise Manet aux yeux des critiques.
   - Sa belle-sœur Berthe Morisot :
Un jour qu’il déambule au musée du Louvre, Manet, par l’intermédiaire de Fantin-Latour, fait la connaissance d’une jeune peintre dont le talent novateur et la beauté
mélancolique semblent ne faire qu’un. D’emblée impressionné par Berthe Morisot, Manet la persuade de poser pour lui dans différents tableaux. Outre le remarquable Berthe
Morisot au bouquet de violettes, encensé plus tard par Paul Valéry, c’est surtout Le Balcon qui va frapper les esprits.
La toile, inspirée des Majas au balcon de Francisco Goya, a été réalisée à la même époque et dans la même intention que le Déjeuner dans l'atelier. Les trois
personnages, tous amis de Manet, semblent n’être reliés par rien : tandis que Berthe Morisot, à gauche, fait figure d’héroïne romantique et inaccessible, la jeune
violoniste Fanny Claus et le peintre Antoine Guillemet paraissent habiter un autre monde. Le vert agressif et audacieux du balcon, par ailleurs, a fait couler beaucoup
d’encre.
Berthe Morisot devient la belle-sœur de Manet en 1874 lorsqu’elle se marie avec le frère de ce dernier, Eugène. Influencée notamment par son beau-frère, elle s’imposera
ensuite comme une figure essentielle du mouvement impressionniste.
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