Eugène Delacroix
1798 - 1863
Peintre Français
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Biographie Eugène Delacroix (1798-1863)
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Il exécutera une belle aquarelle sur ce sujet, pour le comte de Mornay : Une Fantasia ou jeu de poudre devant la porte d’entrée de la ville de Méquinez (1832, musée du
Louvre). Ces courses ont fourni à Delacroix le sujet de quatre peintures entre 1832 et 1847 :
   - Exercices militaires des Marocains (1832, Musée Fabre de Montpellier),
   - Fantasia arabe (1833, Städelsches Kunstinstitut de Francfort-sur-le-Main),
   - Choc de cavaliers arabes (1843, Walters Art Museum de Baltimore),
   - Exercices militaires des Marocains (1847, coll. Oskar Reinhart de Winterthur).
Ils longent également le tombeau d’un saint, celui de Sidi Mohammed ben Aïssa, fondateur de la communauté des Aïssaouas. La découverte des pratiques religieuses
(chants, danses et contorsions) de cette secte enflamme son imagination. Ce qui lui fournira, à son retour, le sujet de deux tableaux :
   - Les Aïssaouas (1838, The Minneapolis Institute of Arts),
   - Les Convulsionnaires de Tanger (1857, musée des Beaux-Arts de l’Ontario à Toronto).
Avant de rentrer dans Meknès, ils doivent faire le tour complet de la ville et de ses remparts. Installée dans la Maison des hôtes, au cœur du quartier de la Berrima,
la délégation reste enfermée pendant 8 jours, du 15 mars au 22 mars, avant d’être reçue par l’empereur. Le 22 mars, c’est l’audience publique avec Moulay Abd er-Rahman.
La délégation à cheval est précédée du Kaïd et de quelques soldats, et suivie de ceux portant les cadeaux, destinés au souverain. « Les présents envoyés par
Louis-Philippe comprenaient notamment une magnifique selle brodée, des armes précieuses, des bijoux, des brocards, des soieries et des montres ».
Le convoi passe à côté de la mosquée Jamaa el-Kbir, traverse un passage couvert de cannes (Souk el-Hdim) et arrive sur la place située en face de la grande porte
(place el Hdim). Ils entrent dans une grande cour, passent entre une haie de soldats, sur leur gauche se trouve une grande esplanade (place Lalla Aouda). Ils entrent
plus en avant, arrivent dans une grande place, le Mechouar, située dans le quartier de Dar el-Kbir, où ils doivent rencontrer le souverain. C’est par « une porte
mesquine et sans ornement » qu’il paraît, monté sur un cheval gris, entouré de ses gardes à pied et d’un porteur de parasol, qui lui emboîte le pas.
Pour Delacroix, le roi ressemble à Louis-Philippe, mais en plus jeune. Après les compliments d’usage, il ordonne à Sidi Muchtar de prendre la lettre du roi des Français
et de les guider dans la visite de la résidence royale. Cette cérémonie sera consignée dans le second album-journal du peintre. De cette audience mémorable, Delacroix a
réalisé de nombreux croquis dont il se servira pour sa grande toile, intitulée Le Sultan du Maroc (1845, musée des Augustins de Toulouse).
Du 23 mars au 4 avril, Delacroix visite la ville de Meknès : le marché aux fruits secs d’El-Hdim, le Mellah (le quartier juif où il acquiert des objets en cuivre), les
haras, le zoo royal et l’autrucherie d’où la mission emmène les animaux offerts à Louis-Philippe (une lionne, un tigre, deux autruche, un bœuf sauvage, une espèce
d’antilope, deux gazelles et quatre chevaux), le marché Bab el-Khmis. Il dessine également beaucoup : la porte Bab-el-Mansur, les autres monuments de la ville, deux
hommes jouant aux dames rencontrés dans le Mellah, dont il se souviendra pour son tableau des Arabes jouant aux échecs (vers 1847-1848, National Gallery of Scotland
d'Édimbourg), appelés également Marocains jouant aux échecs.
Le 30 mars, un trio composé de deux musiciens et d’une chanteuse était venu honorer la mission, à l’initiative de l’Empereur. Ces musiciens juifs de Mogador, étaient
réputés, comme faisant partie des grands maîtres de la musique andalouse. Cet évènement lui inspirera, en 1847, une composition, intitulée Les Musiciens juifs de Mogador
(musée du Louvre).
Le départ de Meknès est donné le 5 avril à 11 heures. Les membres de la mission reprennent à peu près le même chemin qu’à l’aller. C’est le 12 avril qu’ils arrivent à
Tanger où ils sont accueillis par les consuls étrangers et les notables. Ce second séjour se prolonge jusqu’à début mai. À la suite de grosses fatigues dues au voyage,
Delacroix tombe malade (sa fièvre se déclare le 16). Cependant, le peintre se rétablit et profite de cette convalescence pour dessiner à Tanger et dans les environs.
Le 9 mai, Delacroix emprunte la Perle pour une excursion, en Andalousie. Près des côtes de Cadiz où l’épidémie de choléra sévit, le bateau est mis en quarantaine. Il en
profite pour dessiner deux vues de la ville (album de Chantilly). C’est le 18 mai qu’il peut enfin débarquer pour visiter la ville, notamment le couvent des Augustins,
en compagnie de M. Angrand (1808-1886), vice-consul de France à Cadix. Les études effectuées sur place lui serviront pour réaliser, en 1838, une toile intitulée
Christophe Colomb au couvent de Sainte-Marie de Rabida, (Museum of Art de Toledo).
Sur la route de Séville, il fait un arrêt près des murailles de Jerez de la Frontera dont il fait un croquis. Jusqu’au 28 mai au soir, il visite la ville de Séville,
en particulier l’Alcala, la cathédrale et les bords de Guadalquivir, la Giralda, la Cartuja (une ancienne chartreuse) où il admire des Zurbaran, des Murillo et des
Goya. C’est grâce à cet artiste, dont il avait copié quelques planches de ses Caprices, dans sa jeunesse, qu’il découvre la tauromachie. Les notes contenues dans son
carnet semblent confirmer qu’il ait bien assisté à une corrida : aquarelle intitulée Le Picador (Cabinet des dessins du musée du Louvre). Le 29 mai s’achève son séjour
en Andalousie. Ce n’est que le 30 mai, à Cadix, qu’il embarque à bord de la Perle pour retourner, à Tanger.
Le voyage que Delacroix a effectué en Afrique du Nord de fin janvier à juillet 1832 est primordial pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets
constituant le journal de son voyage, dont il ne reste plus que quatre exemplaires (trois sont conservés au musée du Louvre et un, au musée Condé de Chantilly) et
quelque 800 feuilles. Ils permettent de suivre pas à pas le périple africain du peintre. Il a peint en tout plus de quatre-vingts peintures sur des thèmes orientaux,
notamment Les Femmes d'Alger dans leur appartement (1834, musée du Louvre), La Noce juive au Maroc (1841, musée du Louvre), Le Sultan du Maroc (1845, musée des Augustins
de Toulouse).
Ce voyage permettait à Delacroix, qui n'avait jamais été en Italie, de retrouver « l’Antiquité vivante ». La lettre, qu’il adresse à Jean-Baptiste Pierret le 29 janvier,
est très éloquente à ce sujet : « Imagine mon ami ce que c’est que de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnages
consulaires, des Caton, des Brutus, auxquels il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde… ».
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