Eugène Delacroix
1798 - 1863
Peintre Français
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Biographie Eugène Delacroix (1798-1863)
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La liberté guidant le peuple - 1830
En 1831, Delacroix présente au Salon officiel, qui avait ouvert ses portes, cette année-là, le 14 avril La Liberté guidant le peuple. Le tableau, répertorié au no 511
du catalogue du Salon, est intitulé Le 28 juillet ou La Liberté guidant le peuple (titre qu’il conservera par la suite). Il l’a peint afin d’effacer les mémoires de son
précédent échec au salon de 1827 et pour s’attirer les bonnes grâces du nouveau pouvoir, et bénéficier ainsi de nouveau des commandes publiques. Il a été acheté pour une
somme de 3 000 francs par Louis-Philippe afin d’être exposé au Musée Royal, alors au Palais du Luxembourg.
Sa peinture n’y est présentée que quelques mois, de peur que son sujet encourage les émeutes. Elle est d’abord mise dans les réserves par Hippolyte Royer-Collard,
directeur des Beaux-Arts, ensuite reprise par Delacroix, dès 1839, avec l’autorisation d'Edmond Cavé, son successeur et exposé de nouveau en 1848. Cependant, quelques
semaines plus tard, il est invité à la reprendre. Grâce à Jeanron, directeur des musées et à Frédéric Villot, conservateur au musée du Louvre, La Liberté guidant le
peuple rejoint les réserves du musée du Luxembourg. Avec l’accord de Napoléon III, elle sera exposée à l’Exposition Universelle de 1855. Ce n'est qu'en novembre 1874,
qu'elle est déplacée d'une manière définitive, pour être exposée en permanence au musée du Louvre.
Son sujet est lié aux combats de rues, qui se sont déroulés durant les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet, dites aussi « Les Trois Glorieuses ». La
figure de La Liberté, représentée par une jeune-femme à la poitrine nue, coiffée d’un bonnet phrygien, tenant un drapeau tricolore est accompagnée par un enfant des
rues, placé à sa droite et par un jeune homme à la redingote, coiffé d’un haut de forme et tenant une espingole (fusil tromblon à deux canons parallèles), placé à sa
gauche. La légende veut que ce jeune homme représente Delacroix et qu’il ait participé aux évènements.
Or, plusieurs éléments réfutent ces faits : le témoignage d’Alexandre Dumas, les convictions politiques du peintre (fervent bonapartiste). Il aurait tout au plus été
enrôlé dans la garde nationale, qui avait été restaurée le 30 juillet 1830 après avoir été supprimée en 1827, afin de garder le trésor de la Couronne, (d’ailleurs déjà
au Louvre).
Pour Lee Johnson, expert britannique et spécialiste de Delacroix, il s’agirait plutôt d’Étienne Arago (1802-1892), ardent républicain, directeur du Vaudeville de 1830 à
184093. C’était déjà la figure politique à laquelle Jules Claregie avait pensé, en 1880. Quant à l’enfant des rues, il aurait inspiré Victor Hugo (1802-1885) pour son
personnage de Gavroche, des Misérables, publiés en 1862.
Le tableau reçoit un accueil modéré de la part de la critique. Cependant, Delécluze s’est montré compréhensif envers lui, en écrivant dans Le Journal des Débats, du
7 mai : « … Ce tableau peint avec verve, coloré dans plusieurs de ses parties avec un rare talent, rappelle tout à fait la manière de Jouvenet … ». Certains critiques
ont apprécié le tableau, mais d’autres ont trouvé que la représentation de la Liberté était inacceptable. Celle-ci a été la cible des qualificatifs les plus vulgaires :
« poissarde, fille publique, faubourienne ». C'est son réalisme qui dérangeait : la nudité de son torse, la pilosité des aisselles.
Son absence, pendant des années des cimaises du musée, en fait une œuvre emblématique, une icône républicaine, qui servira d’affiche à la réouverture en 1945, du musée
du Louvre105 et ornera l’ancien billet de 100 francs. Le sculpteur François Rude s’en inspirera pour son Départ des volontaires, figurant sur l’arc de triomphe de
Paris et en 1924, le peintre, Maurice Denis, reprendra ce sujet pour orner la coupole du Petit Palais, consacré à l’art romantique et réaliste.
Les querelles, qui opposent les classiques et les romantiques ou modernes, agacent beaucoup Delacroix. Le 27 juin 1831, il écrit au peintre Henri Decaisne (1799-1852),
membre comme lui de la Société libre de peinture et de sculpture, fondée le 18 octobre 1830, afin d’adopter une stratégie commune face à l’influence puissante de la
Société des Amis des Arts, proche de l’Institut (créée en 1789 et ressuscitée en 1817). Sur les conseils de Decaisne, il contacte Auguste Jal (1791-1873), critique d’art
important pour qu’il défende leur cause dans Le Constitutionnel. Dans une longue lettre qu’il adresse alors à M. d’Agoult, ministre de l’intérieur de l’époque, afin
d’exposer leurs griefs et de signaler les dangers de séparer les artistes « officiels », des autres, d’un talent bien souvent plus grand. Par ailleurs, en septembre
1831, Delacroix obtient la Légion d’honneur. Ce qui est un début de reconnaissance officielle.
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