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Eugène Delacroix
1798 - 1863
Peintre Français
  Biographie
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Biographie Eugène Delacroix (1798-1863)
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En effet, c’est à dessein que Delécluze emploie ce mot, car selon Le Littré, il signifie : « En langage d’atelier, peinture d’une exécution très lâchée, et dans
laquelle la composition et le dessin sont complètement sacrifiés à la couleur ». Cependant, Delacroix n’a pas eu que des détracteurs. Tout au long de sa carrière, il a
pu bénéficier du soutien indéfectible de Thiers qui lui apporta son appui, de Théophile Gautier (1811-1872) et de Charles Baudelaire (1821-1867) qui lui consacra un
poème, Les Phares (VI, Les Fleurs du mal) et un de ses salons, celui de 1846 (IV, Mes Salons).
Le peintre présente également trois autres tableaux au Salon : Tête de vieille femme (musée des Beaux-Arts d’Orléans) et Jeune orpheline au cimetière (musée du Louvre),
et hors catalogue, Le Tasse dans la maison des fous (collection particulière). Entre 1823 et 1825, il peint plusieurs tableaux de Grecs en costume de palikares
(soldats grecs combattant les Turcs pendant la Guerre d’indépendance) et des Turcs, dont certains ont pu être utilisés pour Les Massacres de Scio. Lors du Salon
Officiel, Delacroix eut l’occasion de voir des peintures de John Constable que son marchand Arrowssmith présentait, notamment La Charrette à foin (1821, National Gallery
de Londres), récompensée par la médaille d’or. Une anecdote veut qu’après avoir vu cette toile, il décida de refaire le ciel des Massacres de Scio, après en avoir
demandé la permission au comte de Forbin (1777-1841), directeur des musées.
La période de maturité :
   - Les années romantiques (1825-1831) :
Durant son voyage en Angleterre, qui s’est déroulé de mai à août 1825, Delacroix a visité Hampstead et l’Abbaye de Westminster, dont il s’est inspiré pour l’Assassinat
de l’évêque de Liège (1831, musée du Louvre). Il a rencontré Sir David Wilkie (1785-1841), peintre d’histoire, de genre et de portrait ainsi que Thomas Lawrence
(1769-1830), qu’il a pu voir dans son atelier. Il a été très influencé par son style et ses portraits qu'il admirait beaucoup. Il s'est inspiré du portrait de David
Lyon (vers 1825, Musée Thyssen-Bornemisza) de Lawrence, pour celui du baron de Schwiter (1826-1830, National Gallery de Londres).
C'est dans les années 1820 que Delacroix, de sept ans son aîné, croise pour la première fois, chez son ami Jean-Baptiste Pierret, Louis-Auguste Schwiter (1805-1889).
Ils furent des amis très proches et tous les deux, de grands admirateurs du portraitiste anglais. Il rend également visite au Dr Samuel Rush Merrick, un antiquaire très
réputé pour sa très belle collection d’armes et d'armures, dont il fait des études, en compagnie de Richard Parkes Bonington qu’il avait revu à Londres. Les deux hommes
partageaient les mêmes goûts pour le Moyen Âge, d'où les études communes qu'ils firent ensemble : plusieurs feuilles leur ayant été successivement imputées l'un à
l'autre.
C’est à partir de 1826 que Delacroix fréquente Victor Hugo et son cénacle. Dans un premier temps, un premier groupe se constitue autour de deux représentants de la
littérature officielle : Charles Nodier et Alexandre Soumet (1788-1845). Ce premier cénacle se réunit tout d’abord dans l'appartement de Nodier, rue de Provence puis à
l’Arsenal où il avait été promu bibliothécaire. Leur intérêt commun pour le Moyen Âge donnera naissance au « style troubadour » : Ingres et Delacroix ont l'un et l'autre
réalisés des peintures de petit format dans ce style.
En parallèle et dès 1823, les amis de Hugo se groupent autour du poète, formant une sorte d'école. De plus en plus nombreux, ce second groupe forme à partir de 1828 et
en 1829 le second cénacle : Hugo devenant le chef de file du mouvement romantique. Les membres du premier cénacle se rallieront à eux. C'est en 1830 que les rapports
entre Delacroix et Hugo se détériorent : le poète lui reprochant son manque d’engagement vis-à-vis de la cause romantique.
Le 25 avril 1826, Missolonghi, bastion de la résistance grecque, est prise par les Turcs. Une exposition est organisée le 24 mai, à la Galerie Lebrun, 4 rue du
Gros-Chenet afin de récolter des fonds pour soutenir leur cause. Delacroix y présente d'abord Le Doge Marino Faliero (Wallace collection de Londres), Don Juan et Un
officier tué dans les montagnes, qu'il remplace en juin, par Le Combat du Giaour et d'Hassan et en août, par La Grèce sur les ruines de Missolonghi (musée des Beaux-Arts
de Bordeaux). Il s’agit pour le peintre d’alerter l’opinion publique alors que le gouvernement français prône la neutralité. Pour cette allégorie de La Grèce, il
s’inspire des Victoires Antiques et de la figure mariale (avec son manteau bleu et sa tunique blanche). Ce tableau rappelle la mort de Byron, le 19 avril 1824 à
Missolonghi, et le courage et la témérité de Marcos Botzaris (1788-1823), qui a lui-aussi été tué à Missolonghi. Hormis Victor Hugo, les critiques étaient déroutés par
cette interprétation du sujet qui les laissait perplexes.
Au Salon officiel de 1827-1828, Delacroix expose plusieurs œuvres, dont La Mort de Sardanapale (musée du Louvre), unanimement rejeté par les critiques. Pourtant, par
ses références à l’art du passé, par la multiplicité de ses sources d’inspiration et par le choix de son thème dans l’Orient ancien, Delacroix n’a nullement voulu
choquer ses pairs, mais plutôt les convaincre de son génie. Mais, les injures fusent de partout. Dans Le Quotidien, il est question d’un « ouvrage bizarre » (24 avril).
Pour La Gazette de France, c’est le « plus mauvais tableau du Salon » (22 mars). Quant à Étienne-Jean Delécluze, il en rajoute en affirmant, dans Le Journal des débats,
qu’il s’agit d’une « erreur de peintre » (21 mars).
Le déchaînement suscité par la présentation de son tableau gêne ses amis, qui n’interviennent pas pour le défendre. Victor Hugo, en effet, ne prend pas publiquement
son parti. C’est seulement dans une lettre du 3 avril 1828, adressé à Victor Pavis, qu’il manifeste son enthousiasme pour La Mort de Sardanapale, en écrivant: « Ne
croyez pas que Delacroix ait failli. Son Sardanapale est une chose magnifique et si gigantesque qu’elle échappe aux petites vues […] ». Le peintre est également victime
des bons mots des humoristes, qu’il n’apprécie pas, malgré son goût pour les calembours. Le surintendant des Beaux-Arts, Sosthène de La Rochefoucauld (1785-1864)
l’invite même à « changer de manière ». Ce qu’il refuse catégoriquement. La violence de ces attaques va précipiter sa brouille avec le mouvement romantique et cette
fois-ci le tableau n’est pas acheté. Il écrit qu'on l’éloigne pendant cinq ans des commandes publiques, mais il n'en est rien, dès l'année suivante il en obtient des
nouvelles.
Comme autre participant au Salon, il faut également citer Ingres, avec L'Apothéose d'Homère (musée du Louvre). Celui-ci avait déjà exposé, au Salon de 1824, Le Vœu de
Louis XIII (Cathédrale de Montauban). Jean-Auguste-Dominique Ingres, représentant du peintre néoclassique par excellence, sera le grand rival de Delacroix, pendant
toute sa vie. À travers ces deux artistes, c’est deux conceptions de la peinture diamétralement opposées qui s’affrontent : le disegno (dessin) et le colorito (couleur).
Avec L'Apothéose d'Homère (musée du Louvre) d’Ingres et La Mort de Sardanapale (musée du Louvre) de Delacroix, les deux artistes affirment leurs doctrines. La fameuse
querelle du coloris des années 1670, qui opposa jadis les Rubénistes et les Poussinistes, partisans de la couleur et de la ligne, était toujours vivace au XIXe siècle.
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