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Amedeo Modigliani
1884 - 1920
Peintre Italien
  Biographie
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Biographie Amedeo Modigliani (1884-1920)
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L'intermède de la sculpture ou le mythe de Livourne :
En 1909, par l'intermédiaire de Paul Alexandre, Modigliani fit la connaissance du sculpteur roumain Constantin Brâncuşi et, sur les conseils de ce dernier, il installa
en avril 1909 son atelier à la Cité Falguière de Montparnasse. La même année, à la suite de cette rencontre, Modigliani se mit à la sculpture sur pierre, qui pour
quelque temps passa au premier plan de sa création. À Livourne et à Carrare, impressionné par le style concis de Brancusi, Modigliani s'était senti attiré par la
sculpture. Peut-être avait-il eu déjà auparavant le désir de faire de la sculpture, mais il n'en avait pas les possibilités techniques, que seul son nouvel atelier put
lui donner. Il est possible aussi que l'héritage antique de l'Italie, une fois qu'il en eut l'expérience personnelle, ait été pour lui une source d'inspiration qui le
poussa à réaliser des sculptures. Une autre possibilité encore serait que Modigliani voulait s'essayer à un genre artistique différent en voyant stagner son succès en
peinture.
En 1910 Modiglianni fit la connaissance de la poétesse d'origine russe Anna Akhmatova, avec qui il eut une liaison par la suite. En 1911 Amedeo Modigliani exposa ses
sculptures de pierre, dans lesquelles il cherchait un effet archaïque, dans l'atelier de l'artiste portugais Amadeo de Souza-Cardoso. Commença alors une période où le
motif de cariatides envahit ses œuvres, tant en sculpture qu'en peinture. L'année suivante, des sculptures de Modigliani furent exposées au Salon d'Automne. Amedeo
Modigliani fit connaissance avec les sculpteurs Jacob Epstein et Jacques Lipchitz, qui vivaient eux aussi à Paris, et le second a décrit l'art de Modigliani comme
« l'expression de ses sentiments personnels ». Au printemps 1913, Amedeo Modigliani était à Livourne où il s'installa à côté d'une carrière. Là, il travailla comme
sculpteur de marbre, alors qu'auparavant il ne travaillait qu'avec du grès calcaire. Une fois terminées, Modigliani envoyait ses sculptures à Paris, mais aucune ne nous
est parvenue. On ne sait pas exactement pour quelles raisons il a arrêté ses activités de sculpteur après 1913. Une d'entre elles était peut-être sa santé, à laquelle
l'environnement chargé de poussière ne pouvait que nuire. Peut-être aussi ne voyait-il pas d'avenir pour son travail en tant que sculpteur. Sur le plan artistique il ne
progressait pas et les quelques expositions qu'il faisait n'attiraient guère l'attention et lui rapportaient peu financièrement. Toutes ces considérations ont pu faire
qu'il est finalement revenu à la peinture, plus lucrative.
Postérité :
La fille orpheline d'Amedeo et de Jeanne, Jeanne (Giovanna) Modigliani-Leduc Nechtstein (1918-1984), sera adoptée par la sœur de Modigliani et élevée à Florence. Adulte,
elle écrira une biographie importante de son père intitulée : Modigliani : Homme et mythe.
En 1984, le centenaire de la naissance de Modigliani donne lieu au canul ar de Livourne, dont l'un des auteurs est le peintre Angelo Froglia.
Quelques nus de Modigliani :
Toute sa vie Amedeo Modigliani a peint des nus ; ils représentent, après les portraits, le groupe le plus important de ses œuvres. Les premiers datent de 1908, comme
Leidender Akt – Nudo Dolente (Nu souffrant). Cette peinture à l'huile, grande de 81 × 54 cm, représente une femme dont on ne voit qu'une partie. Elle est mince et
montrée entièrement nue. La tête est rejetée en arrière, et la bouche ouverte. C'est une marque d'extase, de tristesse, de douleur et de sensualité. La véritable
expression de la personne se cache derrière le visage en forme de masque. Les épaules sont tirées vers l'avant ; les bras, démesurément longs pendent vers le bas, les
mains reposent sur les cuisses. La femme est si mince qu'elle présente de la ressemblance avec un squelette. Par là le nu de Modigliani allait contre les contenus
classiques de ce type d'image, porteur d'une charge sensuelle et fortement sexuelle. Sur le fond sombre se détache le corps lumineux et presque blanc, souligné par un
contraste clair-obscur. La peinture est âpre et donne l'impression que l'image est partiellement inachevée. Dans ce tableau on voit clairement l'analogie de la
conception du corps telle qu'elle existe chez Modigliani avec celle d'autres artistes de l'époque. Il y a ainsi des similitudes avec des tableaux comme La Madone
d'Edvard Munch qui date de 1894, ou des œuvres de George Minne.
C'est dans les années 1916 et 1917 que Modigliani peignit sa célèbre série de nus qui comprend 30 tableaux. Ils montrent les modèles assis, debout ou couchés, présentés
idéalisés dans leur nudité. Les corps des femmes forment l'élément central de l'image ; l'espace et les autres objets sont renvoyés à l'arrière-plan et n'occupent qu'une
place limitée dans l'image. Leur représentation n'évoque rien de mythologique ni d'historique, mais est purement simplement une représentation de la nudité. Ils n'en
restent pas moins dans la tradition de la Vénus nue qui, de la Renaissance au XIXe siècle n'a cessé de constituer le motif prédominant du nu. Modigliani s'orientait
cependant vers les maîtres italiens de la Renaissance italienne comme le Titien, Sandro Botticelli et Giorgione dont le travail a précédé l'ère académique de la peinture.
Leurs représentations ne se conformaient à aucune pose de nu prédéterminée, mais reflétaient les caractéristiques individuelles de chaque artiste. Avec les académies des
beaux-arts s'était établie une certaine façon de comprendre le nu. Il y avait un canon déterminé et limité de poses pour les modèles de nu, des règles strictes et
formelles. C'est avec cette tradition académique que rompt Amedeo Modigliani dans ses nus en négligeant dans ses portraits les proportions, l'anatomie et le mouvement.
En outre, les poses des modèles ne se conforment pas à l'enseignement académique. Les nus de Modigliani ont été d'ailleurs influencés par les études qu'il avait faites à
l'Académie Colarossi. Là, les modèles étaient laissés à la disposition des élèves qui pouvaient déterminer librement leur attitude. À côté de cela on peignait ce qu'on
appelait des nus d'un quart d'heure qui réclamaient une esquisse et une composition rapide du motif. C'est la raison pour laquelle nous possédons un grand nombre de
dessins de nu de Modigliani datant de ses années parisiennes.
La peinture Nu couché, grande de 60,6 × 92,7 cm, fait partie des œuvres les plus célèbres de Modigliani et date également de la série de représentations des années 1916
et 191717. Elle présente un modèle couché, placé au centre de l'image. La femme est vue d'assez près, si bien que les extrémités de ses membres ne sont pas montrés
complètement. C'est ainsi que manquent les avant-bras avec les mains et la partie inférieure des jambes. Le visage est tourné vers le spectateur, que ses yeux ouverts
regardent directement. Les hanches sont tournées légèrement vers l'arrière, en sorte que l'on n'aperçoit pas le pubis. Le corps repose sur un drap de lit rouge, ce qui
crée un léger contraste clair-obscur. Sous la tête se trouve un oreiller blanc qui constitue, avec le bord de la couverture blanche, la zone la plus claire de l'image.
En arrière-plan on reconnaît le mur. En somme c'est à peine si, en dehors du corps, il existe des éléments de l'image qui fassent diversion. L'image est orientée selon
la composition de la photo de nu à l'époque, cependant l'érotisme n'est pas souligné mais nuancé de mélancolie. Du fait de la dignité et de la froideur apparente de la
femme, on trouve une correspondance avec les sculptures de Modigliani.
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