Gustave Courbet
1819 - 1877
Peintre Français
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Biographie Gustave Courbet (1819-1877)
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Dans Le Réveil du 6 janvier 1878, Jules Vallès rend hommage au peintre et à « l'homme de paix » :
« [...] Il a eu la vie plus belle que ceux qui sentent, dès la jeunesse et jusqu'à la mort, l'odeur des ministères, le moisi des commandes. Il a traversé les grands
courants, il a plongé dans l'océan des foules, il a entendu battre comme des coups de canon le cœur d'un peuple, et il a fini en pleine nature, au milieu des arbres, en
respirant les parfums qui avaient enivré sa jeunesse, sous un ciel que n'a pas terni la vapeur des grands massacres, mais, qui, ce soir peut-être, embrasé par le soleil
couchant, s'étendra sur la maison du mort, comme un grand drapeau rouge. »
Demande de transfert au Panthéon :
En 2013, un dossier plaidant pour le transfert de la dépouille de Gustave Courbet (conservée dans le cimetière d’Ornans depuis 1919) vers le Panthéon est déposé par le
psychiatre Yves Sarfati auprès du président des Centre des monuments nationaux Philippe Bélaval. La proposition d’hommage posthume à l’artiste apparaît lors du colloque
Transferts de Courbet à Besançon en 2011 (publication aux Presses du réel en 2013). Il est appuyé par une tribune de Thomas Schlesser dans le Quotidien de l’art du 25
septembre 2013 (numéro 250), où il est affirmé que « la République a une dette envers sa mémoire » ; puis par une tribune dans la rubrique « idées » du Monde.fr d’Yves
Sarfati et de Thomas Schlesser, où il est dit qu’ « en honorant Courbet, c'est l'engagement républicain et la justice, que l'on honorerait », qu’ « en honorant Courbet,
c'est le monde d'aujourd'hui et celui des Beaux-arts, que l'on honorerait » et qu’ « en honorant Courbet, c'est la Femme, avec un grand F, que l'on honorerait. » Parmi
les membres du comité de soutien à la panthéonisation de l’artiste, on trouve : Nicolas Bourriaud, Annie Cohen-Solal, Georges Didi-Huberman, Xavier Douroux, Romain
Goupil, Catherine Millet, Orlan, Alberto Sorbelli...
Courbet et les critiques de son temps :
Rares sont les artistes qui ont, davantage que Courbet, construit leur carrière grâce à la stratégie du scandale. Plusieurs événements jalonnent clairement cette
construction : le Salon de 1850-1851, l'exposition de La Baigneuse au Salon de 1853 — qui suscite un emportement critique sans précédent dans la plupart des périodiques
de l'époque — l’érection du Pavillon du réalisme en 1855, l’élaboration de l’œuvre Le Retour de la conférence en 1863, et l’engagement en 1871 dans la Commune de Paris.
Plusieurs ouvrages ont étudié cet aspect de provocation calculée et prise aux rets des discours et conflits du temps. Les critiques ont interprété les œuvres du peintre
de manière parfaitement antinomique, nourrissant l’image d’un peintre insoumis et frondeur. Ainsi, tandis que les détracteurs (Edmond About, Charles Baudelaire, Cham,
Théophile Gautier, Gustave Planche…) stigmatisent une peinture réaliste qui corrompt l’ordre du monde et le précipite vers le déclin en promouvant la laideur et le vice,
ses défenseurs (Alfred Bruyas, Pierre-Joseph Proudhon, Émile Zola) considèrent qu’elle est plus sincère, capable de véhiculer esprit d’indépendance, liberté et progrès.
Certains historiens poussent la réflexion jusqu’à imaginer que cet espace de débat serait un espace démocratique, dans le sens où l’entend le philosophe Claude Lefort,
dans la mesure où il institue un conflit d’opinions autour de sa peinture.
Etudes sur Courbet :
Si Courbet a fait couler beaucoup d’encre en son temps, il continue à captiver la communauté scientifique. La rétrospective organisée en 2007-2008 au Grand Palais, et
relayée par un colloque au musée d'Orsay, a rendu plus sensible la diversité de la production du peintre, mêlant les toiles destinées — en leur temps — à une réception
publique et les toiles réservées aux intérieurs des collectionneurs.
On doit à la critique américaine deux ouvrages décisifs sur le peintre : Une image du peuple. Gustave Courbet et la révolution de 1848 (1973), de Timothy Clark ; ainsi
que Le Réalisme de Courbet (1997), de Michael Fried. À la vision éminemment politique de Clark, Fried oppose une lecture aux confins de la phénoménologie et de la
psychanalyse, où il développe, à propos de Courbet, sa théorie de l'absorbement du peintre dans la toile.
En France, on peut citer parmi les études récentes : la monographie de Ségolène Le Men, Gustave Courbet (2007), et l'essai de Thomas Schlesser, Réceptions de Courbet,
qui permet de cerner la complexité du réalisme courbetien, saisi sous l'angle des idées politiques du temps.
Technique et sources d'inspiration :
Gustave Courbet enduisait sa toile d’un fond sombre, presque noir, à partir duquel il remontait vers la clarté. Cette technique est, peut-être, en train de condamner
les œuvres de Courbet. En effet, ce goudron tend, avec le temps, à remonter à travers la peinture et à assombrir dangereusement les tableaux.
Courbet a parfois recours à la photographie, en particulier dans la représentation du nu féminin : comme Eugène Delacroix avant lui, il utilise des clichés à la place
des traditionnelles séances de pose assurées par des modèles vivants. Ainsi, la figure centrale des Baigneuses (1853) s'inspire d'un cliché du photographe Julien Vallou
de Villeneuve. De même, l'Origine du monde rappelle, par son cadrage serré, les stéréophotographies pornographiques d'Auguste Belloc.
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