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René Magritte
1898 - 1967
Peintre Belge
  Biographie
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Biographie René Magritte (1898-1967)
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Heure des rétrospectives :
De 1952 à 1956, Magritte dirige la revue La Carte d'après nature, présentée sous forme de carte postale. Il réalise en 1952 et 1953 Le Domaine enchanté, huit panneaux
pour la décoration murale du casino de Knokke-le-Zoute, en 1957 La Fée ignorante pour le Palais des Beaux-Arts de Charleroi et en 1961 Les Barricades mystérieuses pour
le Palais des congrès de Bruxelles. Une première exposition rétrospective de son œuvre est organisée en 1954 par Mesens au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Le succès
de Magritte vient lentement grâce au marchand Iolas, à partir de 1957, et à l’Amérique. En avril 1965, il part pour Ischia en Italie pour améliorer sa santé et passe par
Rome, avant de se rendre en décembre pour la première fois aux États-Unis à l'occasion d'une exposition rétrospective au MOMA, présentée par la suite à Chicago, Berkeley
et Pasadena. En juin 1966 et juin 1967, les Magritte passent avec Scutenaire et Irène Hamoir des vacances en Italie. Le 4 août, une nouvelle rétrospective ouvre au Musée
Boijmans Van Beuningen de Rotterdam. Magritte meurt chez lui (rue des Mimosas) le 15 août d’un cancer à soixante-huit ans. Il est enterré aux côtés de son épouse au
cimetière communal de Schaerbeek. Sa sépulture fait l’objet d’une procédure de classement comme monument et site.
Ses œuvres :
« Une caisse auprès de son berceau, la récupération d’un ballon de navigation échoué sur le toit de la maison familiale, la vision d’un artiste peintre peignant dans le
cimetière où il jouait avec une petite fille... trois souvenirs d'enfance que l'artiste gardera toute sa vie», résume une biographie de Magritte.
Ses peintures jouent souvent sur le décalage entre un objet et sa représentation. Par exemple, un de ses tableaux les plus célèbres est une image de pipe sous laquelle
figure le texte « Ceci n’est pas une pipe » (La Trahison des images, 1928-29). Il s’agit en fait de considérer l’objet comme une réalité concrète et non pas en fonction
d’un terme à la fois abstrait et arbitraire. Pour expliquer ce qu’il a voulu représenter à travers cette œuvre, Magritte a déclaré : « La fameuse pipe, me l’a-t-on assez
reprochée ! Et pourtant, pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau « ceci est une
pipe », j’aurais menti ! »
La peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature, et sur l’action du peintre sur l’image. La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais
l’action de la pensée du peintre sur cet objet. Magritte réduisait la réalité à une pensée abstraite rendue en des formules que lui dictait son penchant pour le
mystère : « je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des
idées », déclara-t-il. Son mode de représentation, qui apparaît volontairement neutre, académique, voire scolaire, met en évidence un puissant travail de déconstruction
des rapports que les choses entretiennent dans la réalité. Magritte excelle dans la représentation des images mentales. Pour Magritte, la réalité visible doit être
approchée de façon objectale. Il possède un talent décoratif qui se manifeste dans l’agencement géométrique de la représentation. L’élément essentiel chez Magritte,
c’est son dégoût inné de la peinture plastique, lyrique, picturale. Magritte souhaitait liquider tout ce qui était conventionnel. « L’art de la peinture ne peut vraiment
se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde » déclara-t-il. Pour lui, la réalité ne doit certainement
pas être approchée sous l’angle du symbole. Parmi les tableaux les plus représentatifs de cette idée, La Clairvoyance (1936) nous montre un peintre dont le modèle est un
œuf posé sur une table. Sur la toile, le peintre dessine un oiseau aux ailes déployées.
Un autre tableau, La Reproduction interdite (1937) montre un homme de dos regardant un miroir, qui ne reflète pas le visage de l’homme mais son dos. De la même manière,
la peinture n’est pas un miroir de la réalité.
Peintre de la métaphysique et du surréel, Magritte a traité les évidences avec un humour corrosif, façon de saper le fondement des choses et l’esprit de sérieux. Il
s’est glissé entre les choses et leur représentation, les images et les mots. Au lieu d’inventer des techniques, il a préféré aller au fond des choses, user de la
peinture qui devient l’instrument d’une connaissance inséparable du mystère. « Magritte est un grand peintre, Magritte n'est pas un peintre », écrivait dès 1947
Scutenaire.
Anecdotes :
- En 1936 Magritte adresse une lettre ironique à un critique d'art du journal Le Soir : « La bêtise est un spectacle fort affligeant mais la colère d'un imbécile a
quelque chose de réconfortant. Aussi je tiens à vous remercier pour les quelques lignes que vous avez consacrées à mon exposition. Tout le monde m'assure que vous n'êtes
qu'une vieille pompe à merde et que vous ne méritez pas la moindre attention. Il va sans dire que je n'en crois rien et vous prie de croire cher Monsieur Dupierreux en
mes sentiments les meilleurs. Magritte, 3 mai 1936, rue Esseghem, Jette Bruxelles ».
- En 1946 Marcel Mariën et Magritte éditent une série de prospectus et tracts mystificateurs et subversifs, L'imbécile, L'emmerdeur et L'enculeur, ces deux derniers
saisis par la poste.
- En 1953 Irène Hamoir publie Boulevard Jacqmain, roman écrit avant 1939 dans lequel les membres du groupe surréaliste belge apparaissent sous des surnoms, Nouguier pour
Paul Nougé, Gritto pour René Magritte, Maître Bridge pour Scutenaire, Edouard Massens pour E. L. T. Mesens, Bergère pour Georgette Magritte, Marquis pour Paul Magritte,
Sourire pour André Souris, Monsieur Marcel pour Lecomte, Evrard pour Geert Van Bruane, Crépue pour elle-même.
- En juin 1962 Mariën confectionne contre Magritte le tract apocryphe Grande baisse, illustré d'un billet de cent francs à l'effigie du peintre, qui présente un barème
définitif de ses œuvres à des prix dérisoires et mystifie jusqu'à André Breton.
- C'est « moins dans les musées et les salles d'exposition que l'on peut voir aujourd'hui la « postérité » de Magritte que dans les rues, par de grandes affiches
publicitaires ou politiques, dans les librairies, par un nombre croissant de livres dont les couvertures reproduisent ses tableaux et de magazines dont les publicités
utilisent ses procédés, chez les disquaires par les pochettes de disques», écrit Georges Roque en 1983. Après avoir présenté les travaux publicitaires réalisés par
Magritte lui-même, l'auteur analyse les procédés qu'utilise sa peinture. Dans la dernière partie de son étude il montre à l'aide de nombreux documents l'énorme impact de
l'œuvre de Magritte, détournée ou plagiée par les publicitaires, qui n'en retiennent que l'apparence.
- Georgette Magritte a fait Charly Herscovici héritier des droits de reproduction des œuvres de Magritte. Il est président de la Fondation Magritte créée à Bruxelles en
1998.
- René Magritte est 9e dans la version francophone de l’élection du « Plus grand Belge » en 2005. Dans la version flamande, il était 18e.
- Ses lunettes ont été vendues aux enchères par sa femme dans les années 1980. Linda McCartney les acheta et les offrit à son mari, Paul McCartney, grand admirateur du
peintre qui avoua les porter régulièrement pour « lire les petites lignes »
- Une fontaine physiognomique à son effigie réalisée par l'artiste italien Luca Maria Patella orne la Place de Ninove à Bruxelles depuis 2002.
- Depuis 2011, une cérémonie de remise de prix du cinéma francophone belge porte son nom, les Magritte du cinéma.
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